Les Rolling Stones, Stromae, Goldman... Ces philosophes méconnus

3 juin 2015 à 6h53 par Rédaction Alouette

En trois minutes, une bonne chanson peut nous faire tout oublier mais aussi, parfois, nous pousser � r�fl�chir. Deux profs de philo m�lomanes tentent de rendre plus accessible l'oeuvre des philosophes en puisant leurs r�f�rences dans les paroles des Rolling Stones, de Led Zeppelin ou de Stromae.



"C'est un pi�ge que je tends... La philosophie, c'est difficile � vulgariser, mais on peut essayer d'attirer les gens. Et je pense qu'ils viennent plus facilement avec un morceau rock qu'un texte de Heidegger", explique � l'AFP Francis M�tivier, professeur de philosophie en terminale � Saumur (Maine-et-Loire), auteur du livre "Rock'n Philo" r�cemment paru en poche.



Guitare � la main, cet enseignant m�lomane de 52 ans d�cline le concept sur sc�ne, pour des insolites "concerts-philo" o� il alterne morceaux en live et analyse "philosophique" des paroles. Il se livrera � l'un des ces exercices vendredi soir au cin�ma MK2 Grand Palais, � Paris, pour parler "politique, des Beatles � Rousseau".



Au programme notamment: "Les Barbares", l'un des premiers succ�s de Bernard Lavilliers, pour introduire la pens�e de Marx sur la lutte des classes, "London Calling", des Clash, pour �voquer "la r�volte politique" et la philosophie de Hegel, ou "Gimme Shelter" des Rolling Stones, titre dans lequel le professeur voit des liens avec la vision de Diderot de la guerre et de la paix.



"Les gens ne savent pas trop � quoi s'attendre en venant", reconna�t le "prof-chanteur", qui assure �tre "beaucoup plus classique" dans sa p�dagogie devant ses �l�ves.



C'est pr�cis�ment dans sa classe, devant des �l�ves passablement endormis, que lui est venue l'id�e d'�voquer "le scepticisme antique" de Pyrrhon � travers l'hymne de Led Zeppelin, "Stairway to Heaven", et son gimmick "It makes me wonder" ("Ca m'interpelle"). Un morceau dans lequel ce f�ru de rock voit un dialogue entre une femme dogmatique et le narrateur, sceptique.



- C�line Dion pour expliquer Hume -



M�me go�t pour la "pop philosophie" chez Marianne Chaillan. Mais cette enseignante de Marseille (en terminale et � l'universit�) puise principalement ses r�f�rences musicales dans la vari�t� fran�aise, n'ayant pas peur de relier Nietzsche � Stromae et Eddy Mitchell, Platon � France Gall et Zaz ou Freud � Ma�tre Gims et Jean-Jacques Goldman.



Pour elle aussi, l'id�e est venue � l'occasion d'un cours o� elle tentait avec difficult� d'int�resser des �l�ves aux subtilit�s de la pens�e du Britannique David Hume.



"C'�tait un texte qui r�pondait � la question: qu'est-ce que le moi? Il y a-t-il une permanence du moi � travers le temps? Un public de jeunes de 17 ans, �a ne leur parle pas... Je ne sais pas pourquoi, je me suis alors mis � r�citer des paroles d'une chanson de C�line Dion, "On ne change pas", comme si c'�tait un po�me de Rimbaud! Et l�, �a a tout de suite capt� leur attention, �a a eu le m�rite de les amuser...", t�moigne l'enseignante.



"Avec cette chanson, ils ont compris la probl�matique et j'ai pu revenir au texte de Hume, c'�tait gagnÇ", raconte-t-elle, ce qui l'a incit�e � prolonger l'exp�rience dans un livre ("La Playlist des philosophes", �ditions Le Passeur).



�videmment, l'important reste "le texte philosophique", pas les illustrations pioch�es dans les chansons voire les films, pr�cise Marianne Chaillan, mais c'est "un outil p�dagogique commode" pour emmener les �l�ves vers "des textes tr�s ardus".



"Ce n'est pas s'abaisser que d'aller chercher un langage commun avec les interlocuteurs qu'on a en face de nous pour leur montrer que ce n'est pas deux mondes coup�s l'un de l'autre, sans sacrifier ni en rigueur ni en exigence conceptuelle."



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(AFP)