L'offre de reprise partielle d'Alinea par ses actionnaires devant la justice

31 août 2020 à 7h41 par Arnaud Laurenti

Seule offre sur la table, la reprise partielle d'Alinea par ses propres actionnaires est étudiée lundi matin par le tribunal de commerce de Marseille. Mais le suspense est inexistant pour l'enseigne d'ameublement en redressement judiciaire, avec un millier de licenciements en vue.

Crédit : Facebook | Alinea

S'estimant victime du mouvement des "gilets jaunes", des grèves liées à la réforme des retraites et de la crise sanitaire, le groupe basé à Aubagne, dans la banlieue de Marseille, est en redressement judiciaire depuis le 18 mai. Mais un seul repreneur s'est manifesté pour maintenir l'enseigne en activitéb: les propres actionnaires de l'entreprise, son PDG Alexis Mulliez (15%) et l'Association Familiale Mulliez (AFM, 85%), au sein de l'entité Néomarché.


Peu de magasins concernés par l'offre


Le nouvel Alinea proposé par les Mulliez, propriétaires de l'enseigne depuis 2017 après l'avoir rachetée au distributeur Auchan, le vaisseau amiral de l'empire familial, devrait subir un sévère régime : seuls 9 des 26 magasins sont visés dans le dossier de reprise, soit 865 emplois sur 1.861 selon les derniers chiffres de la direction de la communication de l'enseigne.


Mais le verdict du tribunal de commerce de Marseille fait peu de doute, l'offre Néomarché étant la seule permettant d'éviter la liquidation et la disparition de la marque. Les enseignes d'objets à bas prix Gifi et La Foir'Fouille sont seulement en concurrence pour un dixième magasin, celui de Poitiers (Vienne), pour étoffer leur réseau, précisent les syndicats.


"Il n'y a pas de suspense", a confirmé Eddy Chhlang, délégué CGT chez Alinea, dimanche à l'AFP.


Mais les dirigeants d'Alinea réfutent l'accusation selon laquelle ils profiteraient d'une ordonnance post-Covid qui offre des dérogations en matière de cession, la loi actuelle interdisant aux dirigeants d'une entreprise qui dépose le bilan de présenter une offre et de détenir des actifs de cette entreprise pendant cinq ans : "Même sans cette ordonnance une offre de reprise était possible, mais avec une autorisation expresse du tribunal", a insisté l'enseigne auprès de l'AFP.


Des aides promises


Dans le cadre du plan social, Alinea promet aussi d'ajouter 2 millions d'euros d'aides au retour à l'emploi, sans compter une enveloppe de "plusieurs millions d'euros" à répartir entre les personnes licenciées, à qui seront proposés plus de 900 postes en CDI dans la galaxie Mulliez et plus de 700 CDI dans d'autres entreprises.


De même Alinea nie tout "effet d'aubaine" avec la prise en charge du PSE par la collectivité: la vente des stocks des magasins non repris et du siège d'Aubagne viendra rembourser en totalité les quelque 15 millions d'euros que devraient avancer les AGS, l'assurance de garantie des salaires, affirme l'entreprise.


À l'ouverture de la procédure de redressement, Alinea affichait un passif exigible de 12 millions d'euros, pour un chiffre d'affaires annuel de 257 millions d'euros et 62 millions d'euros de résultat net négatif.



(avec AFP)