Destruction de menhirs à Carnac : le maire menacé et l'église taguée

12 juin 2023 à 10h33 par Alexis Baudin

À Carnac dans le Morbihan, 39 stèles de menhirs ont été détruites pour construire un magasin de bricolage. Cette décision n'est pas passée auprès d'associations locales. Le maire de la ville a même reçu des menaces de mort, tandis que l'église a été vandalisée.

Destructions des menhirs à Carnac
Crédit : Illustration Envato - DR

Le mercredi 7 juin, nous apprenions que 39 stèles de menhirs sur le site de Montauban à Carnac ont été détruites pour construire un magasin de bricolage. Une décision incomprise car les mégalithes de Carnac pourraient être reconnus par l’Unesco en 2025. 

Le permis de construire de ce chantier avait été accordé le 26 août dernier par la mairie. Le maire de Carnac, Olivier Lepick, avait souligné sa non-connaissance sur le référencement de cette zone, tout comme le gérant du futur magasin.

Seulement, deux jours après, le maire a été placé sous la protection de la gendarmerie à la suite de menaces et d'insultes"On va te trouver, on connaît ton adresse, on va te foutre le feu..." : Olivier Lepick dit avoir reçu des dizaines de messages d'insultes et de menaces sur les réseaux sociaux, de même que son épouse et ses enfants, depuis que la polémique autour de la destruction des menhirs a éclaté. Il envisageait ce vendredi 9 juin de porter plainte après le "tombereau de haine" qui s'est déchaîné à son encontre.

"Le sous-préfet, de sa propre initiative, a décidé de mettre en place une surveillance de ma maison et j'avoue que ça m'a rassuré", dit le maire de Carnac. La gendarmerie effectue des rondes régulières aux abords de son domicile explique-t-il. Et insiste sur le fait que "les gens pensent qu'on a fait un magasin de bricolage dans les alignements alors que c'est une zone artisanale et commerciale qui est à 3 km, dans laquelle il y a déjà une station-service, la déchetterie et un supermarché".

Le maire reconnaît qu'"il y a eu une erreur administrative" mais "cette boulette n'est pas le fait de la commune" qui a respecté la législation selon lui.

 

L'église de la ville vandalisée

Ce dimanche 11 juin, Olivier Lepick a annoncé que l'église Saint-Cornély, classée aux monuments historiques, avait été taguée. "J'imagine que les protecteurs acharnés du patrimoine qui appellent à ma mort et à brûler ma maison, sont les mêmes qui, cette nuit, ont tagué et profané un joyaux du XVIe siècle, notre église Saint-Cornély", dénonce-t-il sur sa page Facebook.

Selon les images diffusées, une inscription "Tout raser comme les menhirs" apparaît sur la façade de l'église.

 

Un dossier en règle

Réagissant à l'émotion suscitée par cette destruction, la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) de Bretagne a souligné le "caractère encore incertain et dans tous les cas non majeur des vestiges" trouvés lors des fouilles préventives de 2015. Le maire avait attesté de son côté avoir "parfaitement respecté la législation" et invoqué lui aussi "la faible valeur archéologique" des objets retrouvés.

Dans un communiqué, le préfet du Morbihan a tenu à apporter son soutien au maire, demandant "à la gendarmerie de faire preuve à son égard de la plus grande des vigilances". Il a par ailleurs indiqué que le permis de construire du magasin de bricolage était bien valide.

"Alors que des dégradations ont été constatées sur l'enseigne commerciale et sur la façade de l'église, Pascal Bolot, préfet du Morbihan, condamne ces agissements ainsi que les comportements inacceptables dont l'élu et sa famille sont victimes", selon le communiqué.

"Si la directrice régionale des affaires culturelles a déjà pu s'exprimer en détails sur ce dossier, indiquant notamment le caractère non majeur des pierres découvertes sur le site lors du diagnostic réalisé en 2015, le préfet confirme pour sa part le caractère légal du permis de construire", ajoute le préfet, qui s'est rendu dimanche à Carnac.

Le projet a reçu les avis favorables de la Commission départementale d'aménagement commercial (CDAC), de l'architecte des bâtiments de France (ABF), de la Mission régionale des activités environnementales (MRAe). L'étude d'impact, jointe au dossier, soumise à la participation du public par voie électronique (PPVE), n'a relevé aucune observation liée à la présence de vestiges, détaille le communiqué.

(avec AFP)