Le maire de Saint-Brévin veux quitter la France

17 mai 2023 à 17h39 par Denis LE BARS

Le maire de Saint-Brevin, Yannick Morez (DVD), a déclaré mercredi devant les sénateurs qu'il ne reviendrait pas sur sa démission, après avoir raconté la montée des violences à son encontre, réitérant sa critique d'un manque "flagrant" de soutien de l'Etat. Il compte "prendre son bateau et partir".

Yannick Morez au Sénat
Yannick Morez au Sénat
Crédit : Capture d'écran | senat.fr

Auditionné par la commission des lois du Sénat une semaine après sa démission, M. Morez a détaillé l'ensemble des menaces et agressions subies, mois après mois, depuis l'officialisation en 2021 du transfert près d'une école de sa commune d'un centre d'accueil de demandeurs d'asile (Cada) déjà présent depuis 2016.

Ce projet avait soulevé l'opposition d'habitants rejoints par des groupuscules d'extrême droite, et le domicile du maire avait été incendié fin mars.

"On a l'impression de n'avoir jamais été entendus, jamais pris au sérieux", a déclaré l'édile sur un ton posé face aux sénateurs qui ont applaudi à l'issue de son exposé.

L'édile a notamment mentionné une réunion organisée le 7 février dernier avec un commandant de gendarmerie et le sous-préfet, après laquelle il dit s'être senti "seul, abandonné".

"On a été très surpris", le sous-préfet nous a dit qu'il avait lui-même "toujours des menaces" et le commandant de gendarmerie que ce n'était "pas grand chose, que c'était de l'intimidation, de la liberté d'expression".

La réponse de l'Etat ne s'est pas non plus améliorée après l'incendie criminel à son domicile. "Le préfet, je l'ai eu deux fois au téléphone depuis l'incendie, et le sous-préfet je l'ai eu le jour de l'incendie et depuis plus jamais", a-t-il précisé.

"Par tous les courriers que je faisais au préfet, au sous-préfet, les contacts qu'on avait à la gendarmerie, ça n'aboutissait jamais, puisqu'on n'avait même pas de retour aux différents courriers", a-t-il ajouté devant la presse.

"Je reviendrai peut-être"

L'élu a par ailleurs confirmé qu'il démissionnerait bien. "J'ai bien réfléchi (...). Mes enfants me disent de tout arrêter, ma femme ne veut plus rester à Saint-Brevin puisque la personne n'est toujours pas arrêtée et elle ne veut pas la croiser quand elle fait ses courses, je ne reviendrai pas sur ma décision".

A l'issue de son audition, l'élu a indiqué qu'il comptait "tout arrêter, prendre (son) bateau et partir". "Je vais quitter la France, je reviendrai peut-être, j'ai prévu de faire un tour pour aller au minimum jusqu'en Polynésie".

En quittant Saint-Brévin, Yannick Morez fermera par ailleurs son cabinet de médecin généraliste.

(avecc afp)