Fermeture de 2 usines Michelin : à Vannes, une revendication claire

13 novembre 2024 à 13h31 par Joséphine Point et Marie Piriou

Les salariés de l'usine Michelin de Vannes, qui ont appris la fermeture du site avant 2026, se mobilisent.

Michelin Vannes
Crédit : capture d'écran | Facebook | @La CGT Michelin Vannes

Après le choc de l'annonce de la fermeture prochaine des usines Michelin de Cholet et Vannes, les salariés manifestent ce mercredi 13 novembre devant le siège du groupe à Clermont-Ferrand. C'est là-bas qu'une réunion extraordinaire du Comité social et économique (CSE) se tient à partir de 14h et se poursuit jusqu’à vendredi midi.

À cette occasion, Christophe Villate, secrétaire général du syndicat CGT Michelin de Vannes, s'est confié au micro d'Alouette.

 

Quelle est la situation, actuellement, chez Michelin à Vannes ? 

Certains salariés sont encore sous le choc. Il y en a d’autres qui sont en colère. J’ai eu un collègue au téléphone qui était complètement effondré, qui pleurait au téléphone. J’ai une grosse inquiétude à ce niveau-là. C’est pour ça que le message que j’ai passé la semaine dernière sur site, c’était de dire : "Attention, surveillez bien vos collègues, s’il y a le moindre doute, n’hésitez pas à alerter ou à agir". Parce qu’on ne veut pas arriver à des cas de figure extrêmes et j’espère que ça n’arrivera pas.

Ce qu’on veut, maintenant, c’est du concret. Parce qu’il y a des êtres humains derrière, il y a des salariés, il y a des personnes, il y a des familles. Chez nous, on a des couples. On a trois couples au sein de l’entreprise. Et, là, c’est un foyer complet qu’on met à la rue. On nous parle de reclasser tout le monde, sauf que le souci c’est que le marché vannetais n’a pas un plein emploi et les aspects économiques prévisionnés pour 2025-2026 ne sont pas non plus dans le vert, bien au contraire. C’est vraiment très inquiétant.

 

D’autres solutions pour éviter la fermeture de l’usine étaient-elles possibles, selon vous ? 

Honnêtement, oui. Si l’entreprise avait mis les moyens et avait travaillé sur des solutions alternatives, c’est-à-dire de mettre à Vannes d’autres produits, d’autres activités, c’était faisable. En plus, c’est ça le pire, c’est que le message au niveau du groupe à Vannes est que Vannes est réactif, Vannes a des salariés qui ont les compétences, qui ont une facilité à s’adapter... Et on ne nous donne pas les moyens, justement, de pouvoir mettre ça en place. C’est ça le souci.

 

Quelles sont vos revendications, concrètement ? 

Notre revendication, elle est claire, c’est le maintien de l’emploi. Par le passé, on avait déjà alerté l’entreprise, suite aux différentes crises. À l’époque, on leur avait dit qu’il allait falloir qu’on commence à travailler sur d’autres alternatives pour, justement, ne pas se retrouver dans ces cas de figure. Ils ne nous ont pas du tout écoutés, ils n’ont rien mis en place. Donc là où on en est aujourd’hui, c’est vraiment une volonté de l’entreprise de fermer ces sites. C’est-à-dire que c’était déjà prévu et ça ne date pas d’aujourd’hui. C’est là où il y a une grosse colère et, donc, on va faire entendre notre voix.

Nous, on a quand même joué le jeu, on avait demandé aux salariés d’avoir de la réactivité, de la polyvalence pour aller sur d’autres postes... Les salariés ont coché toutes les cases, même au-delà, et voilà comment on les remercie. C’est honteux ! C’est ni plus ni moins pour avoir encore plus de dividendes pour les hauts dirigeants et les actionnaires.

 

Vous attendez des réponses de l’entreprise mais, également, de l’État ? 

Bien sûr qu’on attend une réponse de l’entreprise mais je pense que l’État, et pas que pour Michelin, il faut qu’il arrête toutes ces aides cadeaux sans justificatifs. Que des entreprises comme la nôtre fassent des bénéfices à outrance en milliards, ferment des sites et mettent des salariés à la rue, ce n’est pas acceptable.

 

Comment comptez-vous faire pression ? 

La pression, c’est de bien leur faire entendre, avec l’ensemble des salariés de l’entreprise, que si aujourd’hui on en est là, c’est quand même une volonté économique de l’entreprise et qu’il y a des êtres humains derrière. Ce ne sont pas des billets, ce sont des êtres humains, des personnes. On espère être entendus !

 

 

Retranscription par Mikaël Le Gac