Grippe aviaire : 16 millions de volailles abattues en France mais l'épizootie décroît
2 mai 2022 à 14h16 par Arnaud Laurenti
857 foyers ont été recensés rien qu'en Vendée et dans les départements limitrophes.
Crédit : Pixabay
Depuis le début de l'épizootie de grippe aviaire en novembre, 16 millions de volailles ont été abattues en France, un nombre d'abattages record sur le territoire, a indiqué lundi le ministère de l'Agriculture.
"Le pic épidémique a été passé à la fin du mois de mars et l'épizootie décélère", a cependant relevé le ministère.
La Vendée particulièrement touchée
Depuis le premier cas recensé dans le nord de la France fin novembre, 1 364 élevages ont été contaminé par le virus, dont 857 foyers recensés en Vendée et dans les départements limitrophes, où les autorités vident les élevages via des abattages massifs d'animaux malades mais aussi sains, de façon préventive.
D'ordinaire, les crises liées à la grippe aviaire restent globalement circonscrites au Sud-Ouest, en particulier aux élevages de canards destinés à la production de foie gras. L'an dernier, près de 500 foyers avaient été recensés dans des élevages et 3,5 millions d'animaux, essentiellement des canards, abattus.
L'influenza aviaire possède un caractère saisonnier. Transportée par des oiseaux migrateurs venant d'Asie, elle commence généralement à se développer en octobre en Europe et se poursuit jusqu'au mois d'avril.
Mais pour la première fois, les oiseaux sauvages ont contaminé cette année des élevages lors de la remontée de leur migration des pays du Sud, ce qui a entraîné une deuxième vague, en train de prendre fin. "C'est surtout les gallus - une variété de poule - qui sont touchés", indique le ministère concernant cette vague.
Une lente remise en production
Lorsqu'un élevage est décimé, il faut compter "un temps de décontamination obligatoire de 21 jours consécutifs de totale détection du virus dans une zone complètement dépeuplée et désinfectée" avant de pouvoir le repeupler, explique Loïc Coulombel, vice-président de l'interprofession de l'oeuf (CNPO).
Ensuite, "la zone passe au stade de la surveillance et il faut encore attendre trois semaines supplémentaires", ajoute Christophe Labour, responsable syndical FNSEA dans les Pays de la Loire, qui produit des poules et des dindes.
Pour les éleveurs, chaque jour de vide sanitaire est un manque à gagner, malgré les indemnités versées par le gouvernement.
Selon les estimations de l'interprofession de la volaille (Anvol), la zone Pays de la Loire représente par exemple environ "5 millions de volailles toutes espèces confondues (canards, poulets, pigeons, pintades, etc...) par semaine en temps normal".
Depuis novembre, la grippe aviaire a engendré une perte "d'environ 6% de la production nationale d'oeufs dans un pays en auto-suffisance à 101%" a quant à lui relevé Loïc Coulombel, vice-président de l'interprofession des oeufs (CNPO).
Le prix des oeufs a déjà augmenté de 13% entre février et mars et de 63,3% entre mars 2021 et mars 2022, à cause d'une très forte augmentation du coût de production liée à la guerre en Ukraine, selon l'indice des prix agricoles de l'Insee.
L'équivalent de la population de volailles abattues au cours de l'épisode de grippe aviaire ne pourra pas être remis en production avant l'été prochain, estiment les professionnels du secteur. Il faudra même attendre la fin de l'année, voire le début de l'année prochaine pour retrouver l'ensemble de la production perdue, à condition qu'un nouvel épisode de grippe aviaire n'éclate pas à l'automne.
(avec AFP)