Du mercure à haute dose dans le thon en conserve
29 octobre 2024 à 18h11 par Fabienne Lacroix avec AFP
Selon deux ONG, la plupart des boites de thon en conserve sont contaminées.
Crédit : illustration Envato - DR
Le thon, c’est bon ! Les plus âgés se souviennent de cette publicité datant des années 70 et vantant les mérites du thon en conserve. Mais attention ! Selon un rapport plublié ce mardi, le thon en conserve est largement contaminé au mercure, une substance nocive pour la santé. L'ONG Bloom associée à Foodwatch, demande à la grande distribution et aux pouvoirs publics de "prendre des mesures d'urgence", dont l'abaissement des limites autorisées.
Bloom, une ONG de défense des océans, a sélectionné aléatoirement 148 boîtes de conserve dans cinq pays européens (France, Allemagne, Angleterre, Espagne et Italie) et les a fait tester par un laboratoire indépendant. Résultat : "100% des boîtes sont contaminées au mercure", révèle son enquête.
Pour plus d'une boîte sur deux testée, la teneur en mercure dépasse la limite maximale fixée pour d'autres espèces de poissons comme le cabillaud ou les anchois, soit 0,3 mg/kg.
Pour le thon, la limite a été fixée à 1 mg/kg.
Mais ce seuil est calculé sur le "produit frais". Or selon les calculs de Bloom, cela revient à une teneur d'environ 2,7 mg/kg dans la conserve, car le mercure est plus concentré une fois le produit déshydraté.
"La façon dont les normes sanitaires ont été fixées à l'échelle européenne est absolument scandaleuse", dénonce la chercheuse Julie Guterman de Bloom.
Elles "ont été établies en fonction du taux de contamination des thons constaté et non en fonction du danger que représente le mercure pour la santé humaine, afin d'assurer la vente de 95% des thons", affirme-t-elle.
Le mercure est classé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) "parmi les dix substances les plus préoccupantes pour la santé publique", rappelle Bloom.
Dans l'océan, le mercure se mélange à des bactéries et se transforme en méthyl mercure, un dérivé encore plus toxique.
"Des troubles neurologiques et comportementaux peuvent être observés après exposition aux différents composés de mercure par inhalation, ingestion ou contact dermique", indique l'OMS.
L'Agence française de sécurité de l'alimentation (Anses) reconnait qu'à "haute dose, le méthyl mercure est toxique pour le système nerveux central de l'être humain, en particulier durant son développement in utero et au cours de la petite enfance."
Elle recommande de limiter le thon, mais pas de l'éviter, chez la femme enceinte et l'enfant de moins de trois ans.