Un député breton a testé un simulateur de règles douloureuses
Publié : 27 mars 2024 à 12h16 par Marie Piriou
La proposition de loi pour instaurer un arrêt menstruel en France est débattue ce mercredi 27 mars en commission puis le 4 avril devant l’Assemblée nationale. À cette occasion, des députés ont testé un simulateur de règles douloureuses. C’est le cas notamment du Finistérien Erwan Balanant.
Jusqu’à 13 jours d’arrêt de travail par an, en cas de règles douloureuses. Une proposition de loi pour instaurer un arrêt menstruel en France va être débattue ce mercredi 27 mars en commission puis le 4 avril devant l’Assemblée nationale.
Le texte a été déposé par des députés écologistes et ces derniers ont souhaité faire tester à quelques confrères un simulateur de règles douloureuses (vidéo à voir à la fin de l'article). Erwan Balanant, député MoDem de la 8e circonscription du Finistère (Quimperlé – Concarneau) en fait partie. Entretien.
Qu’avez-vous pensé de ce test ?
Je tiens d’abord à préciser que je n’avais pas vraiment besoin de ce test pour croire en la parole des femmes quand elles nous disent que les règles peuvent être douloureuses. Donc je l’ai fait plus par curiosité, pour connaître le dispositif et pour effectivement se rendre compte d’une partie des douleurs qui peuvent être ressenties par les femmes. Je dis bien "une partie" parce que ce simulateur ne fonctionne que sur des crampes simulées dans le bas-ventre.
Mais il n’y a pas tous les autres aspects : les maux de tête, la question des saignements et les douleurs parfois inflammatoires qui peuvent exister au moment de règles douloureuses.
C’était important de le faire et de souligner aussi que c’est un vrai sujet de santé publique et de bien-être pour un certain nombre de femmes de notre pays et dans le monde. J’ai donc fait ce teste par curiosité, avec appréhension mais c’était une bonne expérience, on va dire.
Pouvez-vous nous parler des sensations lors de ce test ?
L’appareil est un système d’électrostimulation qui simule et crée des crampes. J’ai donc ressenti des crampes assez fortes dans le bas-ventre, de façon aléatoire. C’est assez difficile, par exemple, de se concentrer, de lire un texte, d’être focus parce que vous êtes interrompu par ce saisissement dans le bas-ventre. C’est vrai que ce n’est pas très agréable et je comprends qu’à certains moments de la vie des femmes, cela peut être un peu plus difficile de travailler et de se concentrer.
Mais je le redis, c’est seulement une partie des douleurs. Et donc je pense que c’est encore bien pire que ce qu’on a pu simuler, modestement, en tant qu’hommes par ce dispositif. Je pense qu’il faut croire quand on nous dit que ça fait mal et moi, je le crois vraiment. Il faut qu’on avance sur la question et qu’on trouve les voies et moyens pour accompagner ce moment difficile des règles douloureuses.
Vous n'êtes pas le seul à avoir testé ce simulateur. Quels sont les différents retours de vos confrères concernant ces tests ?
Tout le monde a eu des douleurs plus ou moins importantes. Certains avaient plus ou moins de capacités à la résistance. C’était intéressant de le faire, mais j’insiste, il faut bien comprendre que c’est encore un peu plus complexe et, à mon avis, bien plus douloureux dans la réalité.
Maintenant que vous avez pu avoir un aperçu des règles douloureuses avec ce test, est-ce que votre regard sur les menstruations a changé ?
Pas complètement. Comme je le disais, j’écoute et lorsque quelqu’un me dit que c’est douloureux, je ne remets pas en cause sa douleur et je suis plutôt dans l’empathie et la compréhension. Je sais qu’il y a des femmes qui ont des règles douloureuses, je sais que ça peut être parfois très handicapant et je pense qu’il faut l’entendre. Il faut avoir une réponse à ce sujet. Maintenant, est-ce que le dispositif proposé par mon collègue Sébastien Peytavie, que je salue pour cette initiative, est le meilleur ? Je ne sais pas, je ne suis pas sûr.
Selon moi, le texte présente quelques défauts mais il est très bien parce qu’il permet de poser le problème, de le mettre à l’agenda politique et de pouvoir améliorer la prise en compte de ce sujet. Je pense qu’elle passe peut-être effectivement par un congé, c’est vrai, mais aussi par des améliorations et des aménagements du temps de travail. Elle passe aussi et surtout par une concertation entre les employeurs, les branches et évidemment les syndicats.
C’est une première étape d’un travail qu’il va falloir continuer et je remercie vraiment le député Peytavie d’avoir mis cette question à l’agenda politique.
Entretien retranscrit par Mikaël Le Gac