Rennes : la justice se penche sur le rôle de trois Géorgiens dans le féminicide de Magali Blandin

24 septembre 2024 à 8h10 par Marie Piriou avec AFP

Trois Géorgiens doivent comparaitre ce mardi 24 septembre devant le tribunal de Rennes, en marge de l’affaire Magali Blandin. Il s'agit de cette mère de famille assassinée par son mari, Jérôme Gaillard, en 2021. Les trois Géorgiens avaient été contactés par le mari pour tuer la quadragénaire en échange de 20 000 euros.

Les trois Géorgiens seront fixés sur leur sort ce mardi.
Les trois Géorgiens seront fixés sur leur sort ce mardi.
Crédit : Archives

Trois Géorgiens sont appelés à comparaître ce mardi 24 septembre au tribunal correctionnel de Rennes, dans un volet périphérique de l'affaire Magali Blandin, mère de quatre enfants longtemps recherchée et sauvagement tuée par son mari en Ille-et-Vilaine en 2021, un féminicide souvent qualifié de "hors normes".

Giorgi Z., 34 ans, doit être jugé pour tentative d'extorsion par violence, escroquerie en récidive et abstention volontaire d'empêcher un crime. Severiani T., âgé de 49 ans, doit lui comparaître pour tentative d'extorsion. Quant à Zaza P., 44 ans, il est poursuivi pour avoir participé à la destruction du véhicule dans lequel le cadavre de Magali Blandin avait été transporté.

 

Un crime sordide

En septembre 2020, Magali Blandin, éducatrice spécialisée mariée depuis 2003 et mère de quatre enfants avec Jérôme Gaillard, avait quitté le domicile conjugal avant de s'installer dans appartement de Montfort-sur-Meu, à l'ouest de Rennes.

Jérôme Gaillard, décrit par des proches comme un "tyran domestique" et mari volage, frappait sa femme. Magali Blandin, 42 ans, avait déposé plainte pour des violences et initié une procédure de divorce.

Le 12 février 2021, les gendarmes étaient alertés par une collègue de Magali de la disparition inquiétante de la quadragénaire et le 16 février une battue était même organisée en présence de Jérôme Gaillard.

Plus d'un mois plus tard, le 18 mars, Jérôme Gaillard était placé en garde à vue et avouait son crime. Le jour du crime, il s'était constitué un alibi, son père ayant utilisé son téléphone et internet pour faire croire qu'il était resté chez lui.

Sur les indications du mari, les enquêteurs retrouvaient le corps de Magali Blandin dans un bois au Lieu-dit La Saudrais (Ille-et-Vilaine), où Jérôme Gaillard l'avait profondément enterrée après l'avoir tuée à coups de batte de baseball dans le couloir de l'immeuble où elle habitait.

Jérôme Gaillard, qui s'est pendu en prison à l'automne 2021, avait ébauché un rocambolesque "complot criminel", impliquant des Géorgiens.

 

"Arnaque"

Plusieurs mois avant le crime, selon l'enquête, Jérôme Gaillard avait fait part à Giorgi Z. de sa volonté de tuer sa femme. Cette connaissance géorgienne lui avait assuré qu'il pouvait trouver un professionnel pour réaliser cette opération contre 20 000 euros.

En janvier, Jérôme Gaillard avait effectué deux virements de 6 000 euros au profit de Giorgi Z. en paiement du contrat, ainsi qu'un versement de 6 000 euros en espèces.

Mais, Jérôme Gaillard, qui avait même fait part durant les vacances de Noël à deux de ses enfants de sa volonté d'assassiner leur mère, avait réalisé que les Géorgiens n'allaient pas commettre l'assassinat et qu'il s'était fait "arnaquer". Il avait ensuite décidé de passer à l'acte seul.

 

L'implication des parents de Jérôme Gaillard

En novembre et décembre, Giorgi Z. avait enregistré deux fois à son insu Jérôme Gaillard qui faisait part de sa volonté de supprimer sa femme. Pendant le temps de la disparition de Magali Blandin, Giorgi Z. et Severiani T. avaient déposé deux courriers, dont l'un avec une clef USB contenant ces enregistrements, au domicile des parents de Jérôme Gaillard pour extorquer des fonds en échange de leur silence.

Selon Me Antoine Ory, avocat de Giorgi Z., son client, qui est sous contrôle judiciaire, "conteste cette infraction un peu baroque qui est l'escroquerie au contrat de tuer, il conteste le non empêchement de crime. Il considère qu'il n'y a pas eu de menace de violences et donc que ce n'est pas une tentative d'extorsion", a déclaré Me Ory.

Les parents de Jérôme Gaillard, qui avaient versé à leur fils la somme de 50 000 euros pour payer le contrat et qui avaient été mis en examen pour complicité de meurtre, se sont suicidés en février 2023.

De source proche du dossier, deux des trois prévenus pourraient ne pas être présents mardi à l'audience.