Patrice Martin : “Il faut que le sport serve à la société”

29 juin 2021 à 7h46 par Antoine Judit

Le Nantais Patrice Martin, multiple champion du monde et d’Europe de ski nautique est candidat à la tête du Comité national olympique et sportif français (CNOSF). L’élection a lieu ce mardi.

ALOUETTE
Crédit : Wikimedia Commons | RMerc

L’institution regroupe toutes les fédérations sportives en France. Elle est le porte-drapeau de l’olympisme en France. Le Nantais Patrice Martin est candidat à la succession de Denis Masseglia. Ils sont quatre candidats à l’élection (Brigitte Henriques, Emmanuelle Bonnet-Ouladj et Thierry Rey).  

Pourquoi avez-vous décidé d'être candidat à la présidence du CNOSF ?  

Premièrement, parce que j’ai déjà une expérience dans les fédérations et pour avoir été notamment président pendant 12 ans de la Fédération française de ski nautique et de wakeboard. J’ai également été au Comité national olympique et sportif français (CNOSF) en tant qu’administrateur pendant une douzaine d’années et depuis 4 ans, vice-président en charge des partenariats médias. Tout ça, ça fait une expérience liée au monde sportif et au CNOSF. Et puis, par ailleurs, dans ma vie professionnelle, j’ai eu aussi l’occasion de travailler autour, au sein et pour le mouvement sportif. Je pense avoir cette vision pour accompagner le sport français dans sa transformation et dans son évolution. 

Quels seraient vos atouts/? 

Cette connaissance du milieu. Le rassemblement entre l’olympisme et le sport français. Le CNOSF, c’est une institution qui est gérée principalement autour de l’olympisme, parce que c’est vrai que c’est un point d’orgue important tous les quatre ans ou tous les deux ans en fonction de ce qu’il se passe, mais c’est également la gestion de l’ensemble du sport français. Et pour faire ce trait d’union entre le sport et la réussite des Jeux olympiques de Paris 2024, ce sera bien sûr sur les médailles, sur l’organisation, mais surtout sur la transformation qu’on souhaite apporter à la société française pour que le sport soit mieux intégré dans la société. Que ce soit à l’école, que ce soit dans l’entreprise ou que ce soit dans une pratique beaucoup plus régulière. 

Vous pensez qu’il y a encore beaucoup d’efforts à faire dans ce domaine/? 

Oui/! Si je suis candidat, c’est que je le pense. On a créé un modèle français du sport dans les années 60 avec la volonté du général de Gaulle et les échecs aux Jeux olympiques de 1960. Cette transformation, elle a été sur la performance, la réussite de nos athlètes et on a imposé la place de la France dans le sport de haut niveau. Aujourd’hui, le sport peut aussi changer la société au travers de l’intégration du sport dans les multiples facettes de la société. Je pense que c’est une opportunité avec les Jeux olympiques de Paris 2024 de jouer cette carte. C’est important que ce soit tout le sport /! Ce ne sera pas uniquement au travers des sports olympiques qu’on réussira cette transformation. C’est bien l’ensemble de la pratique et la pratique populaire/ du sport. 

Que répondez-vous à celles et ceux qui pourraient vous reprocher que le ski nautique n’est pas un sport olympique/? 

C’est ce que je dis, ce n’est pas un sport, c’est tout le sport. Que ce soit le ski nautique, le parachutisme, la randonnée pédestre, le rugby à XIII, le sauvetage et secourisme, l’athlétisme ou d’autres disciplines. C’est bien l’ensemble des disciplines qu’il faut défendre. C’est ce à quoi je m’attèle. Peu importe que ma discipline soit olympique ou pas. Elle l’a été en sport démonstration en 1972. Et j’aime à rappeler que depuis 1896 et les Jeux modernes, seuls quatre sports ont été au programme des Jeux olympiques tout le temps. Donc, ça veut dire l’impermanence de l’olympisme et des sports olympiques qui rentrent et qui sortent. On le voit avec les nouveaux sports qui viennent de rentrer aux Jeux olympiques pour Tokyo et avec les nouveaux qui rentreront pour Paris en 2024. Et je pense qu’il y aura une modification encore plus importante dans l’avenir parce que le Comité International Olympique (CIO), dans sa vision, ne parle jamais d’olympisme, il parle de sport, d’intégration du sport, de faire que le sport serve à la société, serve aux jeunes générations, pour qu’il soit intégré dans la communauté et dans la société. C’est ça qui est important. Ce n’est pas par l’olympisme, c’est bien par le sport. 

Vous souhaitez que les femmes aient plus de responsabilités/au sein des instances sportives françaises ? 

Oui parce que la société est mixte et le sport se doit d’être mixte. Il y a des lois qui sont en attente d’être votées et qui imposeront aux fédérations en 2025 d’avoir une parité. Ce qui n’est pas le cas du CNOSF parce que ce n’est pas une fédération, c’est un rassemblement de fédérations. Je pense qu’il faut qu’on montre l’exemple, qu’il y ait plus de femmes présentes dans les responsabilités et dans le pouvoir de décision. Et puis pas seulement, aussi plus de femmes qui entraînent, plus de femmes qui accompagnent, plus de femmes qui arbitrent, voilà, la place de la femme est multiple. Elle est importante au sein de la société, et forcément, le sport est un des éléments de la société, on se doit donc d’aller dans ce sens-là et de faire cette promotion pour assurer que demain il y ait beaucoup plus de femmes présentes dans toutes les disciplines, dans tous les sports et à tous les niveaux. 

Comment vous sentez-vous à la veille de l’élection/? 

Ce n’est pas une compétition mais c’est comme une compétition. Je suis assez serein sur ce que j’ai pu proposer et sur ce que j’ai pu dire. Je sais que beaucoup ont apprécié le programme. Maintenant, une élection reste une élection. L’important, c’est qu’on a amené une vision, on a amené une sorte d’évolution, une transformation de la société. Jusqu’à maintenant, les présidents du CNOSF ont tous été de fédérations olympiques, mais je pense que dans ce que nous vivons aujourd’hui et la difficulté, notamment, du dernier mandat du CNOSF pour Denis Masseglia, il y avait une rupture entre certaines fédérations non-olympiques par rapport aux fédérations olympiques. Il faut qu’on se rassemble, si on veut être forts demain, il faut qu’on soit tous ensemble. Je pense que j’ai cette ouverture et cette capacité à discuter et à rassembler tout le monde autour de la table. C’est pour ça que mon programme s’appelle Ensemble pour le sport, c’est bien ce que je veux, c’est rassembler tout le monde pour le sport demain. Et s’assurer qu’on réussisse cette transformation de la société au bénéfice du sport. 

Que peut-on vous souhaiter/? 

D’être au deuxième tour et de gagner (rires). Parce qu’il y a quatre candidats et il est probable qu’il y aura un deuxième tour. Le challenge est intéressant, il est fort et je pense qu’on en sortirait grandi pour la société française et le sport français. De se rassembler demain plutôt que de se diviser comme on a pu le faire ces dernières années. 

(Entretien retranscrit par Mikael Le Gac)