Les théories du complot explosent après la tentative d’assassinat de Donald Trump

15 juillet 2024 à 15h56 par Nicolas Mercier avec AFP

Certains évoquent un tireur aux "ordres" du président Biden ou de l'"État profond", d'autres dénoncent un "simulacre" destiné à faire de l'ex-président un héros.

Donald Trump
Crédit : Capture d'écran | YouTube | @Fox News

Dès les premières minutes après la tentative d'assassinat de Donald Trump, des théories du complot ont déferlé sur Internet.

Ainsi, par exemple, la vidéo en gros plan d'une spectatrice "suspecte" au meeting tenant une pancarte "Biden" ou une photo d'agents du service de sécurité tout sourire tenant un Donald Trump ensanglanté, ont circulé massivement sur X (ex Twitter), en anglais, français ou portugais notamment, comme autant de "preuves" que l'attentat était "organisé", "planifié".

Peu importe si la femme à la casquette portait selon toute vraisemblance la même pancarte que ses voisins "Joe Biden, you're fired" ("Joe Biden, tu es viré"), et que la photo des agents a vraisemblablement été retouchée, selon les recherches de l'AFP, les rumeurs inondent le web depuis le meeting en Pennsylvanie samedi 13 juillet.

 

Une "hystérie collective"

Pour le chercheur en sciences politiques Julien Giry, l'hystérie collective du week-end autour de cet événement n'est pas une surprise, "à un moment pareil et avec un personnage pareil". "C'est presque l'absence de théories conspirationnistes qui aurait constitué une surprise, presque une anomalie", poursuit-il.

D'autant que la multitude d'images, officielles et amateurs, de l'événement, fournit "la possibilité de créer un discours alternatif" selon lui.

 

La thèse d'une mise en scène

Très vite, des comptes prodémocrates ont assuré que le sang sur le visage de Donald Trump était faux, et que le Secret Service (chargé de la protection de Donald Trump) avait orchestré ce moment avec l'ancien président. Ce qui montre, selon Anthony Mansuy, "que personne n'est immunisé contre les fantasmes des théories du complot".

"L'événement peut prêter à se poser des questions", tempère-t-il, "mais on bascule dans le complot quand on part en croisade à partir d'éléments pas vérifiés".

La facilité d'accès aux réseaux sociaux, ajoute-t-il, peut galvaniser les individus dans l'idée qu'"on participe tous à l'enquête/hystérie collective".

 

Un pays au lourd passé

Dans leurs publications, beaucoup font référence à l'assassinat du président Kennedy en 1963 en se demandant : "On ne va pas nous refaire le coup du tireur isolé ?".

"Depuis 1967-68, vous avez à peu près entre 70 et 80% des Américains, toutes variables sociodémographiques, socio-politiques confondues, qui sont absolument persuadés que JFK est victime d'une conspiration", rappelle Julien Giry.

La tentative d'assassinat contre Ronald Reagan, blessé gravement à quelques mois des élections en 1981, revient aussi dans tous les esprits.