Les secrets du Vendée Globe : les skippers sont-ils vraiment seuls ?

8h16 par Zacharie Brault

Si le Vendée Globe est présenté comme l’une des courses de voile les plus redoutables, c’est pour la simple raison que pendant près de trois ou quatre mois, les skippeurs sont complètement seuls face à l'océan.

Benjamin Dutreux Vendée Globe
Benjamin Dutreux à bord de son bateau.
Crédit : Charles Drapeau

Un tour du monde sans escales et sans assistance, c’est la promesse du Vendée-Globe, de quoi décourager ceux qui craignent la solitude.

Une solitude, qui contraste avec l’ambiance du départ souvent, où le village du Vendée Globe est enseveli de monde, tout comme le chenal des Sables-d’Olonne. Un passage du tout au tout, que la Britannique Samantha Davis, qui a réalisé trois fois le Vendée Globe, a encore du mal à appréhender : "On passe des deux extrêmes. Psychologiquement, la bascule est toujours difficile même lorsque l’on a déjà vécu ce moment une ou deux fois, c’est toujours difficile."

De son côté, le Normand Manuel Cousin explique : "On est porté par une euphorie jusqu’au départ. Mais quand les bateaux suiveurs font demi-tour…là on commence à réaliser que l’on est tout seul".

En haute mer, le sentiment de solitude ne fait que croître, vague après vague. Et lorsqu’un problème survient, il faut pouvoir le gérer seul. En 1992, lors du deuxième Vendée Globe, Bertrand de Broc doit se recoudre la langue lui-même, après se l’être ouverte sur 2 centimètres après une mauvaise manœuvre.

 

L'aide limitée des réseaux sociaux 

Aujourd’hui, les skippeurs bénéficient d’un léger avantage par rapports aux premières années de la course. Le développement des technologies qui peu endiguer cette sensation de solitude. "Grâce aux satellites aujourd’hui, on peut presque communiquer 24 heures sur 24 avec nos proches", explique Sébastien Simon.

Mais les technologies ont leurs limites. "Les meilleurs réseaux sociaux du monde ne remplaceront pas un vrai contact, une émotion, un regard. Donc la solitude, on la ressent malgré tout", détaille pour sa part Benjamin Dutreux, révélation de la dernière édition.

"Pour mon premier Vendée Globe (en 2016), j’ai passé Noël tout seul, sans mes proches", témoigne Romain Attanasio qui s’élancera pour son troisième Vendée Globe en novembre. "On doit décider de tout, tout seul. On passe notre temps à douter. Entre ça et le manque des proches, la solitude est bien présente".

 

Plus de confidences dans notre podcast

Pour découvrir encore plus de témoignages des skippers du Vendée Globe 2024, écoutez l'épisode consacré à la solitude de notre podcast "Les secrets du Vendée Globe" :