Le géant mayennais Lactalis va acheter moins de lait aux éleveurs français

27 septembre 2024 à 8h47 par Joséphine Point avec AFP

Plusieurs centaines d’agriculteurs sont concernés par cette décision, en particulier dans nos régions.

Lactalis
Le siège social du groupe Lactalis, à Laval.
Crédit : Capture écran | Google maps

Le leader mondial des produits laitiers Lactalis, dont le siège social se situe à Laval en Mayenne, a annoncé la réduction "de l'ordre de 450 millions de litres" sur une collecte annuelle "de quelque 5,1 milliards de litres" de lait auprès des éleveurs français, de façon progressive, à partir de fin 2024 et jusqu'en 2030. Cela représente près de 9% de volumes en moins.

Depuis les différentes lois Egalim, censées sanctuariser la matière première agricole, le groupe est pressé de payer plus cher les éleveurs. Mais la France exporte plus de lait qu'elle n'en consomme. La moitié du lait collecté dans le pays par Lactalis part sur les marchés internationaux (notamment sous forme de poudre), très fluctuants.

"Les marchés se sont écroulés. On payait plus cher le lait qu'on le vendait" sur ces produits exportés, a indiqué à l'AFP une porte-parole du groupe à la tête des grandes marques Président, Lactel et Galbani.

Le groupe va d'abord réduire sa collecte "dans les zones Est et sud Pays de Loire", épargnant ainsi les grandes régions productrices, Bretagne et Normandie.

"On ne rompt pas les contrats. Mais on souhaite travailler très en amont avec les organisations de producteurs sur les modalités d'accompagnement, une fois les contrats arrivés à échéance", a précisé la porte-parole.

 

La colère des éleveurs français

Le patron de la première organisation agricole FNSEA a dénoncé une "déflagration pour le milieu laitier" en France, alors que le monde de l'élevage, déjà fragilisé, est menacé par des maladies animales.

La Confédération paysanne, qui avait investi le siège mayennais de Lactalis en février, déplore dans un communiqué "la dépendance économique structurelle des producteurs face aux laiteries". "Cette diminution de la collecte sert pour Lactalis à éliminer des producteurs et à faire pression sur celles et ceux qui restent. La peur d'une cessation de collecte empêche les revendications légitimes pour améliorer le revenu" des éleveurs, estime l'organisation.

Ce jeudi 26 septembre, la nouvelle ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, a assuré de "son plein soutien et de son engagement aux côtés des producteurs pour maintenir une activité laitière dans les élevages concernés" par la réduction des collectes de Lactalis.