Gérald Darmanin craint "des actes d'une très grande violence" lors d’actions antibassines

15 juillet 2024 à 10h22 par Nicolas Mézil avec AFP

Le ministre de l’Intérieur a dit craindre "des actes d'une très grande violence" à l'occasion de la nouvelle mobilisation des opposants aux "mégabassines" cette semaine dans le Poitou.

bassine
Crédit : Image d'illustration - Archives - DR

Gérald Darmanin est attendu à Niort ce lundi 15 juillet après-midi.

Le ministre de l’Intérieur se rend à la préfecture où se tiendra une réunion relative au dispositif de sécurité mis en place cette semaine autour du Village de l’Eau à Melle et d’autres actions annoncées dans la Vienne et à La Rochelle.

"Nous attendons entre 6 000 et 8 000 manifestants dont un millier de personnes extrêmement violentes, qu'on pourrait qualifier de radicalisées", a déclaré Gérald Darmanin, anticipant "des actes d'une très grande violence".

Quelque 10 000 personnes, selon les organisateurs, sont annoncées de mardi à dimanche au "Village de l'eau", campement établi dans le sud-Deux-Sèvres à Melle, à 15 km seulement de Sainte-Soline, où le chantier d'une retenue d'eau avait donné lieu à des affrontements en mars 2023 entre opposants et forces de l'ordre.

Ils avaient fait de nombreux blessés, "une cinquantaine de gendarmes dont certains gravement", a rappelé Gérald Darmanin, et plusieurs manifestants dont deux restés plusieurs jours dans le coma.

"Plus d'une centaine de militants d'ultragauche", venant de pays européens limitrophes, se sont vus prononcer une interdiction d'entrée sur le territoire, a indiqué Gérald Darmanin.

Une quinzaine de convois venus de France mais aussi de Belgique, d'Allemagne et d'Italie doivent converger à Melle.

 

Blocage du Port de La Pallice samedi

Outre les ateliers, formations et débats, deux manifestations sont au programme : vendredi, "une grande marche populaire et un convoi de vélos" se déroulera dans la Vienne, à Saint-Sauvant, où le chantier d'une future retenue d'eau doit démarrer en septembre.

Le lendemain, à La Rochelle, les organisateurs appellent "à prendre kayaks, paddle et autres bateaux gonflables" pour bloquer le port agro-industriel "dans une ambiance de carnaval".

Environ 120 organisations, associations, syndicats et collectifs soutiennent l'événement, dont Bassines Non Merci (BNM), les Soulèvements de la Terre, Attac, l'union Solidaires et la Confédération paysanne. Leur but est "d'arracher un moratoire" sur la construction des "mégabassines".

"Puisque le gouvernement (...) continue à imposer les projets, nous faisons le choix de maintenir des formes de désobéissance de masse qui impactent concrètement leurs cibles", affirme BNM.

Les "réserves de substitution", qui visent à stocker de l'eau puisée dans les nappes en hiver afin d'irriguer les cultures en été, sont pour leurs partisans une assurance-récolte face au changement climatique. À l'inverse, leurs détracteurs décrivent un "accaparement" de l'eau par l'agro-industrie et ses grands acteurs, à l'instar des "méga-coopératives" céréalières ciblées à La Rochelle.

 

Tension déjà palpable avec les agriculteurs

La Coordination rurale appelle à s'auto-défendre face aux "écoterroristes" et le syndicat, majoritaire dans la Vienne où la manifestation est prévue vendredi, demande à l'Etat d'interdire le rassemblement et de déployer des forces de l'ordre.

"Tout est réuni pour que le pire arrive", craint de son côté la FNSEA, en appelant au calme. La Confédération paysanne dénonce au contraire la "stigmatisation" de l'événement et appelle au "dialogue".

Vendredi soir, quelque 200 élus locaux ont également exprimé leur inquiétude.

La préfecture des Deux-Sèvres a rappelé leurs responsabilités aux organisateurs en matière de sécurité, "au vu des risques élevés", ajoutant qu'elle prenait des mesures "pour appuyer les actions de la gendarmerie". Ce lundi, ils spont également reçu par le préfet de la Vienne.

Pour l'heure, seul le Village de l'eau a fait l'objet d'une déclaration par la municipalité de Melle qui l'accueille.