Enquête sur l'Abbé Pierre : l'Église ouvre ses archives aux chercheurs
12 septembre 2024 à 8h20 par Joséphine Point
Certains de ces chercheurs sont mandatés par Emmaüs.
La Conférence des évêques de France a annoncé l'ouverture exceptionnelle de ses archives, sans attendre le délai habituel de 30 ans, pour permettre aux chercheurs d'enquêter sur l'Abbé Pierre.
Cette décision fait suite à la multiplication des témoignages qui accusent l'Abbé Pierre de violences sexuelles entre les années 50 et les années 2000.
Une partie des chercheurs a été mandatée par Emmaüs, association créée en 1985 par l'Abbé Pierre lui-même. Après la révélation le 6 septembre de nouveaux témoignages de femmes accusant l'Abbé Pierre d'agressions sexuelles, Emmaüs France a annoncé que la mention "fondateur Abbé Pierre" pourrait être prochainement supprimée de son logo et qu'une commission d'experts indépendants a été constituée "afin notamment de comprendre et d'expliquer les dysfonctionnements qui ont permis à l'Abbé Pierre d'agir comme il l'a fait pendant plus de 50 ans". Les archives mises à disposition par la Conférence des évêques de France pourraient ainsi permettre de faire avancer les recherches.
Des actions dans les communes
Alors qu'Emmaüs a d'ores et déjà annoncé la fermeture définitive du lieu de mémoire dédié à l'Abbé Pierre à Esteville (Seine-Maritime), beaucoup de communautés tentent de leur côté d'effacer le souvenir de l'homme d'Église, décédé en 2007, dont les récentes révélations le font tomber de son piédestal.
À Saumur (Maine-et-Loire) par exemple, les portraits présents sur le bâtiment Emmaüs vont être enlevés. En Sarthe, la communauté Emmaüs de La Milesse a barré d'un bandeau noir la fresque de l'Abbé Pierre peinte sur la façade de son local. À Tinténiac (Ille-et-Vilaine), le lycée professionnel Abbé-Pierre changera prochainement de nom. D'autres réflexions sont menées dans nos régions, comme à Naintré (Vienne) où une statue de l'Abbé Pierre est érigée sur un rond-point.