Enfants placés illégalement : une semaine de procès dans l'Indre
13 octobre 2024 à 11h18 par Zacharie Brault
Le procès aura lieu cette semaine. Il s'ouvre ce lundi 14 octobre, jusqu'au vendredi 18.
Dès lundi 14 octobre, 19 personnes comparaissent devant le tribunal correctionnel de Châteauroux, pour avoir accueilli, illégalement, des dizaines d'enfants confiés par l'Aide sociale à l'enfance du Nord, entre 2010 et 2017.
Plusieurs familles ont hébergé pendant sept ans des dizaines de mineurs, sans le moindre agrément pourtant nécessaire pour exercer l'activité d'assistant familial. Ces familles sont installées en Creuse, en Haute-Vienne et dans l'Indre.
L'affaire éclate en 2017
D'après les récits de l'enquête, en 2017, Mathias, âgé de 15 ans, est admis au CHU de Limoges en étant gravement blessé. Le garçon tombe dans le coma pendant près d'une semaine. Dès son réveil, préoccupé, l'adolescent demande protection auprès des équipes médicales, et déclare avoir subi des violences de la part de son "tuteur".
Un premier signalement est fait auprès du procureur de la République. Les investigations mettent en lumière plusieurs adolescents concernés.
Plusieurs témoignages illustrent des scènes de violences et d'humiliation.
Des récits glaçants
C'est le cas de Karl, 19 ans aujourd'hui, qui évoque l'homme revendiquant être son "tuteur" : "Il nous parlait très mal, il nous disait : Je vais te casser les genoux... J'avais tellement peur que la nuit, je n'osais pas descendre au rez-de-chaussée pour aller aux toilettes, je faisais sur moi", confit-il au Parisien. Karl a été envoyé dans la Creuse en février 2016.
Alexis, 23 ans aujourd'hui, s'est vu briser une baguette de pain congelée sur sa tête par son tuteur. Il a aussi vécu des scènes d'horreur en tant que spectateur. Alexis évoque notamment Fanny, une adolescente hébergée avec lui quelque temps : "Elle était totalement terrifiée, elle m'a dit qu'il lui faisait des avances, elle me suppliait de ne pas la laisser seule avec lui. On restait groupé pour qu'il ne se passe rien".
Deux hommes à la tête de cet enfer
Ces enfants et adolescents étaient confiés par l'aide sociale à l'enfance (ASE) du Nord (sous la gestion du Conseil départemental), à une organisation nommé "Enfance et Bien-être". À la tête de cette organisation, deux hommes, Julien M. et Bruno C.
Le premier, est un ancien agent de sécurité voie publique à la préfecture de police. Il avait été remercié au bout de quatre ans et avait reçu un blâme de sa hiérarchie. Le deuxième, a déjà été condamné par le passé à un an de prison de présumés viols et agressions sexuelles sur ses filles, depuis 1995.
Les deux hommes chapeautaient le réseau contre une indemnité de 650 000 euros, dédié à placer les enfants dans différentes familles.
19 personnes seront jugées pour "graves maltraitances" lors de ce procès qui devrait retentir dans tout le pays.
L'association "Innocence en danger" s'est porté partie civile de ce procès. Elle appelle toute personne ayant été victime ou ayant connaissance de faits à témoigner ouvertement pour faire avancer la procédure.
Le procès durera jusqu'au vendredi 18 octobre.