Oiseaux morts sur les plages : que faire ?
Publié : 3 mars 2024 à 9h21 par Corentin Mathias
Depuis de nombreuses semaines, de nombreux oiseaux marins, ont été retrouvés échoués sur les plages, notamment sur le département de la Vendée, mais pas que.
Crédit : Facebook | LPO France | @Aymeric Bodin
Les oiseaux échoués sont principalement des guillemots. Des échouages dont les raisons sont peu connues pour l’heure, même si les conditions météos, sont une des causes de ces échouages. Une application mise en place par la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux), permet aux promeneurs de signaler ses échouages, s’ils trouvent un animal décédé.
L’entretien de Guillaume Le Hétet, permanent à la LPO de Rochefort.
On assiste ces derniers jours à une forte concentration d’oiseaux morts, sur les plages en Vendée, peut-on dire que ce constat concerne l’ensemble du littoral Atlantique ?
Oui, on peut le dire. En réalité, c’est un échouage qui est assez éparpillé sur l’ensemble du littoral. Nous dans le cadre du réseau LIFE SeaBil, on constate qu’il y a plus de 400 guillemots qui ont été échoués depuis le début de l’année. Plus de 320 depuis le début du mois de février, 150 sur le dernier week-end de février, en raison de la tempête notamment. On a une répartition des échouages : on en a beaucoup en Pays-de-la-Loire, pas mal en Bretagne également et on en a un certain nombre dans le Sud-Ouest, notamment en Gironde. En Charente-Maritime, on est un peu moins touché. Globalement, la plupart des espèces touchés sont des guillemots.
A quoi ressemble un guillemot ?
Un guillemot, ça a un dos noir, un ventre blanc, mais aussi un bec un peu aplati et assez allongé.
Ce phénomène d’échouage, est-il nouveau ou au contraire est-il régulier ou bien alors est-il plus fort que les années passées ?
Il y a plusieurs éléments à prendre en compte. Il y a dix ans, en 2014, on avait eu des échouages massifs, avec plus de 40.000 oiseaux marins, qui se sont échoués sur le littoral Français. Aujourd’hui, le nombre d’oiseaux échoués est beaucoup moins importants même si on a une mortalité qui est assez forte.
Est-ce qu’il y a une explication sur ces cas de mortalité ?
Aujourd’hui, c’est encore un peu tôt pour apporter une raison, on manque d’éléments je pense, au vu de la mortalité, du fait qu’elle soit très récente. Ce qui est certain, c’est que les tempêtes exacerbent le phénomène. D’une part, parce qu’elles ont un effet râteau, elles ramènent les carcasses qui se trouveraient au large, vers le littoral. D’autre part, ces tempêtes peuvent augmenter le niveau de mortalité. Bien évidemment, que quand il y a beaucoup de vent et de houle, c’est beaucoup plus compliqué pour les guillemots de pouvoir se poser. Des guillemots déjà affaiblis vont être encore plus condamnés, lorsqu’il y a des tempêtes. En soit, on ne peut pas qualifier les tempêtes de cause principale de mortalité. On sait que la grippe aviaire n’est pas la cause de mortalité, pour le coup. Des analyses ont été faites. Ce que l’on constate sur les guillemots retrouvés morts, c’est un état de maigreur qui est assez fort, une maigreur assez inquiétante. On constate aussi une hypothermie chez les individus recueillis. Tout cela nous amène vers la piste d’une difficulté à se nourrir. Les guillemots se nourrissent exclusivement de petites proies, trouvées au large du littoral, dans l’océan.
Du fait des vacances scolaires, il y a beaucoup de monde à se balader sur les plages, actuellement, et de fortes chances de trouver un guillemot mort sur une plage. Qu’est-ce qu’on doit faire ? Est-ce qu’on doit alerter quelqu’un ? Prendre l’animal et le déposer quelque part ? Qu’est-ce qu’on peut faire si on voit un animal mort ?
Il y a deux cas de figure différents. Concrètement, si vous voyez un oiseau qui est échoué sur le littoral, soit l’oiseau marin est mort, auquel cas, il ne faut surtout pas manipuler l’animal, bien évidemment. On n’écarte toujours pas les risques de grippe aviaire et de maladies, de manière globale, même si les analyses montrent que la grippe aviaire ne semble pas être la cause de mortalités. Il ne faut pas manipuler l’animal pour des raisons sanitaires, même s’il est en bon état. On peut utiliser l’application ICAO SEO/BirdLife, c’est l’application qui a été adaptée dans le cadre du LIFE SeaBil et via laquelle on peut signaler des échouages. Nous, ça nous permet d’avoir de la donnée, d’avoir un suivi plus précis du nombre d’oiseaux et de mieux comprendre ces phénomènes de mortalités-là, dans le cas où l’oiseau marin est mort sur la plage. Si l’oiseau est vivant, il y a un certain nombre de précautions à prendre pour pouvoir le prendre en charge. Donc, tout d’abord, il faut s’assurer que l’animal est réellement en danger. Ça peut être de l’apathie, une aile pendante, une trace de saignement, une impossibilité de se tenir sur ses pattes. On va chercher à se protéger, également, en utilisant des gants et en restant vigilant face aux réactions de l’oiseau. Ensuite, on va capturer l’oiseau, toujours avec prudence et sans précipitation, évidemment, en utilisant un tissu épais. On maintient les ailes collées au corps et la tête cachée. Et, ensuite, on peut placer l’oiseau dans un carton, l’isoler au calme dans une pièce sombre et tempérée. Puis, enfin, on va le transférer vers une structure habilitée. Il ne faut pas lui donner à boire et à manger, c’est très important. Sinon, on peut l’étouffer ou lui faire ingérer de la nourriture qui sera inadaptée pour lui, c’est un élément à garder en tête. Et, enfin, il faut contacter le centre de soins le plus proche de chez vous, ou vous pouvez contacter directement la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux) au 0546821234. On pourra, ainsi, vous conseiller sur la démarche à adopter.
En aucun cas, par exemple, des services municipaux de la commune en question ou des choses comme ça ?
Non. Nous, à travers le Réseau Echouages et les bénévoles du Réseau Echouages, on a des liens avec l’OFB (Office Français de la Biodiversité) et des protocoles particuliers de captives d’oiseaux. Mais, en l’occurrence, si l’oiseau est mort, vous pouvez essayer de contacter la commune, au niveau local, pour voir si eux-mêmes veulent le retirer. En revanche, vous pouvez le signaler, encore une fois, via l’application ICAO SEO/BirdLife. Nous, ça nous permet d’avoir cette information qui est assez précieuse pour nous.
Que peut-on faire grâce à l’application ICAO SEO/BirdLife ?
L’application permet, en fait, de prendre en photo l’oiseau échoué que vous trouvez. C’est assez simple d’utilisation : vous géolocalisez l’espèce à un endroit précis, vous faites une observation ponctuelle en prenant et en envoyant une photo. Si vous avez des connaissances plus précises, on va dire naturalistes, vous pouvez remplir un certain nombre de champs qui sont facultatifs. Si vous n’y connaissez rien du tout, vous pouvez simplement prendre une photo et l’envoyer via l’application. On recevra, ensuite, cette photo et on pourra, ainsi, la réinterpréter en fonction.
Entretien retranscrit par Mikaël Le Gac
Crédit : Capture d'écran | @Google Play