Mort de Steve Maia Caniço à Nantes : le commissaire de police jugé pour homicide involontaire

Publié : 20 décembre 2023 à 13h34 par Dimitri Coutand

Un commissaire de police est renvoyé devant le tribunal correctionnel pour "homicide involontaire" à l'issue de l'instruction sur la mort de Steve Maia Caniço lors de la Fête de la musique à Nantes en 2019 après une intervention de police controversée.

Une fresque de Steve, quai Wilson à Nantes

Crédit : Capture d'écran | Google Maps

Si le commissaire Grégoire Chassaing est renvoyé "devant le tribunal correctionnel du chef d'homicide involontaire commis à Nantes les 21 et 22 juin 2019 au préjudice de Steve Maia Caniço", un non-lieu est ordonné pour le sous-préfet Johann Mougenot et les autres mis en cause dans ce dossier, précise dans un communiqué le procureur de la République Philippe Astruc.


L'avocat du policier, Me Louis Cailliez, a qualifié de "scandaleuse et infondée juridiquement" cette décision. "Après avoir accordé un non-lieu à tous les décideurs impliqués (...), il fallait bien garder un unique bouc-émissaire pour sauver la face sous la pression médiatique et ainsi satisfaire les réclamations de procès contre la Police d'une frange militante de l'opinion", a-t-il réagi dans un communiqué.


La famille du jeune homme s'est dite, par l'intermédiaire de son avocate Me Cécile de Oliveira, "soulagée que l'ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel soit rendue".


Steve Maia Caniço, animateur périscolaire de 24 ans, avait disparu après une opération policière destinée à faire cesser une soirée électro à Nantes, en bord de Loire, dans la nuit du 21 au 22 juin 2019.


 


"Moyens inappropriés"


Le commissaire Chassaing, qui dirigeait l'opération, a mis "en œuvre des opérations de progression et d'interpellation sur le quai, sans prohiber immédiatement l'usage des armes important qui avait lieu, alors même que les investigations permettaient de démontrer que d'autres solutions étaient possibles, notamment celle d'un repli", selon le communiqué.


"Ce choix de prendre en compte immédiatement cette situation par des moyens inappropriés au regard de la situation des lieux apparaît constitutif d'une faute caractérisée ayant contribué à la chute en Loire et au décès de Steve Maia Caniço", poursuit-il.


"Aucune faute caractérisée ne pouvait être relevée" à l'encontre du sous-préfet Johann Mougenot, alors directeur de cabinet du préfet de Loire-Atlantique, qui "avait présidé les réunions préparatoires" du dispositif de la Fête de la musique en 2019. Un non-lieu est donc ordonné à son encontre, ainsi que pour les autres personnes placées sous le statut de témoin assisté, dont l'ancien préfet de Loire-Atlantique Claude d'Harcourt.


 


Sept personnes tombées dans la Loire


Durant cette opération controversée, les policiers étaient intervenus sur un quai de l'île de Nantes pour faire cesser la musique techno mais un des neuf sound systems avait relancé deux fois le son quelques secondes avant de diffuser "Porcherie" du groupe punk Bérurier noir.


Disant s'être sentis menacés et être victimes de jets de projectiles, les policiers avaient tiré 33 grenades lacrymogènes, 12 balles de défense (LBD) et 10 grenades de désencerclement.


Des témoins avaient relaté avoir été aveuglés par un nuage de gaz lacrymogène. Sept personnes étaient tombées dans la Loire pendant l'intervention policière, sans compter Steve, dont le corps n'a été retrouvé que le 29 juillet, à un peu plus d'un kilomètre de là.


 


(avec AFP)