Mort de Steve à Nantes : le récit des témoins

Publié : 11 juin 2024 à 13h11 par Ophélie Esseul avec l'AFP

À l’occasion du procès pour homicide involontaire de Steve Maia Caniço, plusieurs témoignages ont bouleversé l’audience.

Le procès pour homicide involontaire de Steve, noyé dans la Loire en 2019 suite à une opération de police controversée, s’est ouvert ce lundi 10 juin. L’accusé, le commissaire Grégoire Chassaing, a exprimé sa "compassion" auprès des proches du jeune homme.


En fin de matinée, le fonctionnaire de 54 ans s’est avancé à la barre pour adresser "ses condoléances" à la famille. "Je ne peux pas imaginer un seul instant ce que vous ressentez. Je tenais seulement à vous exprimer ma profonde compassion", a-t-il dit.


Dans l’après-midi, plusieurs témoins et amis de Steve, présents lors de cette fête de la musique, ont défilé à la barre.


 


Des descriptions touchantes


Dans la matinée, plusieurs membres de sa famille avaient tenu des propos très émouvants sur le jeune homme, le décrivant comme "hyper sensible", "gentil" et "souriant". Ils ont ajouté que depuis son enfance il avait la phobie de l’eau et ne savait pas nager.


Les témoins de la soirée ont, eux, décrit un jeune homme ayant simplement envie de s’amuser, qui avait un peu bu mais n’était pas ivre, très fatigué en fin de soirée mais continuant de danser.


 


"Je suis trop fatigué j’ai besoin d’aide"


À 3h12 le 22 juin 2019, soit plus d’une heure avant sa chute, un témoin affirme avoir reçu un texto intriguant de sa part : "je suis trop fatigué j’ai besoin d’aide". "Son message était accompagné d’un smiley, il n’y avait rien d’inquiétant", a-t-il confié. D’autant plus que Steve connaissait beaucoup de monde à la soirée.


Un autre témoin l’a vu allongé par terre, avec son sac comme oreiller, à environ un mètre du bord. "Il aurait pu tomber même sans charge de police, ça aurait pu arriver à tout le monde", a-t-il confié en réponse à une question de l’avocate du fonctionnaire sur un risque de chute dans la Loire.


 


Trois hommes tombés dans la Loire


Trois jeunes hommes ont narré cette nuit dramatique, et leur chute dans la Loire. Également tombés à l’eau lors de la soirée suite à l’intervention policière, ils ont été récupérés dans un canot avant d’indiquer aux sauveteurs qu’une personne était en train de se noyer.


Jérémy B., 29 ans, dit "avoir perdu complétement le sens de l’orientation" après avoir reçu des gaz, faisant une chute de 5 à 6 mètres dans une eau à 21°C. "Je suis resté 15 ou 20 minutes dans l’eau, jusqu’à ce qu’on vienne me chercher", a-t-il ajouté.


Alexandre C. raconte qu’"il n’y a pas eu de sommation, ils n’ont prévenu personne". Il est lui aussi tombé dans la Loire en raison des gaz, se luxant une épaule lors de sa chute. Il a été sauvé par Jérémy.


Alexis B., 27 ans, a "attrapé quelqu’un dans la Loire". "Je l’ai tenu deux ou trois secondes et après il a dérivé", a-t-il dit, sans prononcer le nom de Steve Maia Caniço. "J’ai vu sa silhouette qui se débattait disparaître sous l’eau", a-t-il ajouté.


Selon Me Louis Cailliez, avocat du fonctionnaire, onze personnes sont tombées dans la Loire, cinq pendant l’opération, une en fin de nuit, mais aussi cinq avant les jets de grenades, "sans compter ceux qui sont remontés par eux-mêmes".


Philippe Astruc, procureur au procès, a souligné devant la presse que l’instruction avait été "longue" et avait demandé "de nombreuses expertises". Il promet de "prendre le temps d’aller au fond des choses".