Mort de Steve à Nantes : le commissaire de police jugé ce vendredi 20 septembre

18 septembre 2024 à 14h07 par Dimitri Coutand avec AFP

Le commissaire de police Grégoire Chassaing sera fixé sur son sort ce vendredi 20 septembre dans l’affaire de la mort de Steve Maia Caniço, en 2019 à Nantes.

Une fresque de Steve Maia Caniço, quai Wilson à Nantes

Crédit : capture d'écran | Google Maps

Un commissaire de police va-t-il être condamné ? La décision du tribunal correctionnel de Rennes à l'égard de Grégoire Chassaing, jugé pour l'homicide involontaire de Steve Maia Caniço, mort noyé lors de la Fête de la musique de 2019 à Nantes, sera rendue ce vendredi 20 septembre.


Le 14 juin dernier, lors du dernier des cinq jours du procès, le procureur de la République Philippe Astruc avait demandé une "peine de principe" lors d'un réquisitoire nuancé.


Le procureur avait requis une peine sans quantum, demandant une condamnation du fonctionnaire car "il est d'évidence celui qui a conduit une action collective, laquelle a créé la situation qui a abouti in fine au décès de Steve".


La défense du commissaire, âgé de 54 ans, désormais chef de circonscription à Lyon, avait réclamé la relaxe, Me Louis Cailliez demandant aux trois magistrates de ne pas "ajouter une injustice à tout ce qui s'est passé ce soir-là", dans la nuit du 21 au 22 juin 2019.


 


Des jets de projectiles contre des grenades lacrymogènes


Lors de cette édition de la Fête de la musique, une dizaine de sound systems diffusaient de la musique en bord de Loire, quai Wilson, pratique tolérée depuis plusieurs années jusqu'à 4h du matin.


Peu après cette heure, des policiers, dont le commissaire Grégoire Chassaing, en charge de la sécurisation, interviennent auprès des différents DJ pour solliciter l'arrêt de la diffusion de la musique. Tous le font, sauf l'un d'eux qui remet le son après l'avoir coupé.


S'ensuivent des jets de projectiles sur les forces de l'ordre par des teufeurs mécontents, alors que le contexte de l'époque est celui des gilets jaunes, avec des face-à-face souvent tendus avec les policiers.


"Je n'ai jamais subi une telle violence, une telle attaque imprévisible, arrivée d'un seul coup. C'était la sidération", avait expliqué le commissaire Chassaing à la barre, rappelant qu'il n'était pas casqué.


Face à ce caillassage, plusieurs policiers font usage de gaz lacrymogènes, sans ordre de leur commissaire, ce qu'ils peuvent faire en cas de légitime défense.


 


Une chute de cinq à six mètres


Selon la défense, M. Chassaing n'a pas commis les fautes reprochées par l’accusation : "à aucun moment" il n'a manifesté une envie d'en découdre avec le DJ qui avait remis le son et "il ne peut pas empêcher la réaction individuelle de ses hommes" qui tirent des grenades lacrymogènes en réaction aux projectiles.


"Je n'ai pas tout maîtrisé", a reconnu le fonctionnaire, mais "qui aurait été irréprochable dans de telles conditions ?", s'est-il interrogé devant le tribunal.


L'enquête a permis de déterminer que la chute de Steve avait eu lieu à un endroit du quai sans barrière à 4h33 et 14 secondes, soit deux minutes après les premiers tirs de grenades des policiers.


Pris dans un épais nuage de fumée de gaz lacrymogènes, plusieurs fêtards ont fait une chute de cinq à six mètres dans une eau à 21°C. Certains sont récupérés par un canot de secours nautique, spécialement prévu pour la nuit.


Mais Steve Maia Caniço, animateur périscolaire de 24 ans, atteint depuis son enfance d'une phobie de l'eau et qui ne sait pas nager, ne parviendra pas à rejoindre le quai.


 


Non-lieu pour le préfet et la maire de Nantes


Le 29 juillet, après plusieurs semaines de mobilisation des proches du jeune homme, un pilote d'une navette fluviale découvre son corps.


Les circonstances du décès de Steve avaient alimenté le débat sur les pratiques policières en France.


Lors du procès, le commissaire Chassaing a été soutenu en personne par le directeur général de la police nationale Frédéric Veaux, venu à la barre dresser un portrait élogieux d'un fonctionnaire expérimenté et bien vu de sa hiérarchie.


Lors de l'enquête, plusieurs personnalités ont été témoins assistés ou mises en examen, dont le préfet et la maire de Nantes, avant de bénéficier d'un non-lieu.