Les secrets du Vendée Globe : les skippers sont-ils sujet au mal de mer ?

8h03 par Zacharie Brault

Certains le subissent, d’autres ne l’ont jamais. Le mal de mer sévit chez les skippers du Vendée Globe, bien que ceux-ci soient habitués à prendre les vagues aux quatre coins du monde toute l’année.

Maxime Sorel, 10ème du dernier Vendée Globe, s'élancera à bord du "V & B Monbana-Mayenne".

Crédit : Josselin Didou - Qaptur

Face à ce mécanisme naturel du corps humain, les skippers ne sont pas tous égaux.


Il y a d’abord ceux qui ne l’ont pas, et qui se savent chanceux, comme Benjamin Dutreux, 9e de la dernière édition : "J’ai la chance de ne pas être sujet au mal de mer", reconnaît-il au micro d’Alouette.


Le Havrais Charlie Dalin est lui aussi de cette équipe : "Je ne l’ai jamais. Et ce n’est pas une honte de l’avoir, c’est tout à fait normal".


Il y a aussi ceux qui connaissent leur corps, et savent l’éviter. C’est le cas de la franco-allemande Isabelle Joschke : "Je peux l’avoir, mais c’est plutôt rare. Mais je me méfie. Je pense que le mal de mer, on l’a aussi quand on est stressé ou que l’on a peur. Donc j’essaie avant tout de gérer mon stress".


 


Les facteurs déclencheurs


Quand ils ont le mal de mer, c’est surtout dans les premiers jours de course. Au départ des Sables-d’Olonne, la mer est plutôt agitée dans le Golfe de Gascogne. "Les conditions du départ au mois de novembre sont souvent mauvaises, et donc propices au mal de mer", témoigne Romain Attanasio.


Il enchaîne : "Pendant trois semaines aux Sables-d’Olonne, on finit par être désamariné, en plus du stress de la course. Donc les deux ou trois premiers jours il peut y avoir du mal de mer".


Une fois sortis des eaux agitées du Golfe de Gascogne, les skippers plongent vers les Canaries et le Brésil, "où la mer est moins forte et plus calme" estime le Breton Maxime Sorel. "Dans les mers du Sud, le corps est perturbé, il se désacclimate, on se sent moins bien, et on mange un peu moins", reconnaît-il.


Le mal de mer, que les nouveaux voiliers Imoca n’arrangent pas. Ils vont plus vite, sont plus puissants, et les sensations sont donc décuplées. Autre facteur, l’enfermement. "Sur les nouveaux Imoca, on est enfermés, et c’est qui m’a déjà donné le mal de mer", raconte le Vendéen Sébastien Simon.


 


Blessures et maladies


"On attrape beaucoup moins de virus en mer, on ne croise personne", analyse en riant Manuel Cousin à notre micro. Mais il reconnaît "qu’on peut toujours tomber malade". Auquel cas, les skippers ont tout le nécessaire à bord. "On part tous avec une énorme pharmacie, très fournie. On a tous fait des stages de survies. On a les bases pour se soigner", détaille-t-il.


Et si le Vendée Globe est un tour du monde sans escale et sans assistance, les skippers peuvent appeler le médecin de course en cas de besoin. "L’assistance médicale est autorisée. Le médecin peut nous indiquer de prendre tel ou tel médicament. On en a énormément sur le bateau."


Il y a les maladies, mais aussi les blessures parfois. Comme lorsque Bertrand de Broc s’était recousu la langue durant l’édition de 1994.


Récemment, c’est Sébastien Simon qui a échappé de peu au drame. Le skipper a subi une commotion cérébrale pendant la course "Le Retour à la Base" en décembre 2023. "Ce sont des blessures qu’on ne voyait pas avant. Les bateaux vont de plus en plus vite, avec des impacts de plus en plus violents contre les vagues. Pour ma blessure à la tête, j’ai dû me recoudre moi-même grâce à mon instinct de survie. Depuis, je porte un casque, comme beaucoup de marins", nous détaille-t-il.


 


Plus de confidences dans notre podcast


Pour découvrir encore plus de témoignages des skippers du Vendée Globe 2024, écoutez l'épisode consacré au mal de mer de notre podcast "Les secrets du Vendée Globe" :