Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, libéré après 5 ans de prison
Publié : 25 juin 2024 à 11h07 par Nicolas Mercier avec AFP
Après des années de saga judiciaire, Julian Assange est libre. Une annonce faite par WikiLeaks, le site qu’il a créé.
Crédit : Capture d'écran | X (Twitter) | Wikileaks
Poursuivi pour avoir exposé au grand jour des centaines de milliers de documents confidentiels, cet Australien âgé de 52 ans doit comparaître ce mercredi 26 juin devant un tribunal fédéral des îles Mariannes, territoire américain du Pacifique.
Julian Assange a quitté le Royaume-Uni et la prison de haute sécurité proche de Londres, où il était incarcéré depuis 2019, pour embarquer dans un avion privé, retrouvant sa femme Stella Assange et leurs enfants. L'organisation WikiLeaks a ensuite diffusé une vidéo de 13 secondes sur laquelle on le voit monter l'escalier de l'appareil.
Libre mais pas jugé
Désormais poursuivi pour "complot pour obtenir et divulguer des informations relevant de la défense nationale", Julian Assange devrait plaider coupable de ce seul chef. Il devrait être condamné à 62 mois de prison, une peine déjà purgée en détention provisoire à Londres, ce qui lui permettrait de regagner libre son Australie natale.
Cet accord met un terme à une saga de près de 14 ans. Visé par 18 chefs d'accusation, il encourait en théorie jusqu'à 175 ans de prison en vertu de la loi américaine sur l'espionnage.
Le fondateur de WikiLeaks avait été arrêté par la police britannique en avril 2019, après sept ans passés dans l'ambassade d'Équateur à Londres pour éviter son extradition vers la Suède dans une enquête pour viol, classée sans suite la même année.
Depuis, les appels se sont multipliés pour que l'actuel président américain Joe Biden abandonne les charges retenues contre lui. L'Australie a présenté une demande officielle en ce sens en février, que Joe Biden a dit examiner, suscitant l'espoir chez ses soutiens.
Pourtant, dix ans avant son arrivée à la Maison Blanche, Joe Biden, alors vice-président de Barack Obama, estimait que Julian Assange s'apparentait davantage à un "terroriste high-tech" qu'à un héritier des "Pentagon Papers" ayant révélé dans les années 1970 les mensonges des États-Unis sur la guerre du Vietnam.
"Selon le vice-président nord-américain, la vérité sur les États-Unis, c'est du terrorisme", avait rétorqué Julian Assange, qui affirmait aussi en 2013 à l'AFP que ce pays voulait "se venger" de lui.
Le visage du "lanceur d'alerte"
Détenu pendant cinq ans au Royaume-Uni et longtemps réclamé par les États-Unis, Julian Assange est devenu aux yeux de ses partisans un symbole de la liberté d'informer.
Il se battait pour ne pas être livré à la justice américaine qui le poursuit pour avoir rendu publics à partir de 2010 plus de 700 000 documents confidentiels sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan.
Parmi ces documents figure une vidéo montrant des civils, dont deux journalistes de l'agence Reuters, tués par les tirs d'un hélicoptère de combat américain en Irak en juillet 2007.
Une santé mentale "préoccupante"
Ses proches le décrivent comme très diminué physiquement par 12 ans d'enfermement, dont cinq en prison, et sa défense n'a cessé d'alerter sur le risque qu'il se suicide.
"Julian sera mis dans un trou, si profond qu'on ne le reverra jamais", en cas d'extradition, avait affirmé mi-février Stella Assange, son ancienne avocate, qu'il a épousée derrière les barreaux en mars 2022.
"Tout le monde sait que la santé mentale de Julian est extrêmement préoccupante et que sa survie est en jeu", avait encore répété celle avec qui il a eu deux enfants.