Jeux paralympiques : le regard de Gwenaïg Le Vourc'h, para-athlète bretonne
Publié : 30 août 2024 à 14h47 par Marie Piriou
Elle ne fait pas partie de la délégation française pour ces Jeux paralympiques mais elle espère être de la partie dans quatre ans, à Los Angeles. L'athlète bretonne Gwénaïg Le Vourc’h nous livre son parcours, son expérience et son point de vue sur les Jeux de Paris.
Gwenaïg Le Vourc'h présente une déficience visuelle de naissance.
Crédit : DR Gwenaïg Le Vourc'h
Vous êtes nombreux à suivre ces jeux paralympiques et parmi les spectateurs, Gwenaïg Le Vourc'h, une Finistérienne de 21 ans, elle-même athlète handisport.
Déficiente visuelle de naissance, elle est spécialisée sur le 100 mètres et le 200 mètres. Nous nous sommes entretenus avec cette jeune femme qui a quitté le domicile familial à l’âge de 14 ans pour intégrer le Creps de Bordeaux. Aujourd’hui elle est licenciée à l’US Talence Athlétisme.
Le sport a beaucoup d’importance depuis que vous êtes enfant. Comment a évolué votre pratique sportive ?
D’abord, j’ai un peu suivi mes frères et on a tous commencé par faire du multisport. Ensuite, ils ont fait du VTT et je les ai suivis. Ma maman était très attentive et me suivait beaucoup sur les parcours pour que je ne me casse pas quelque chose (rires). J’ai été repérée par Handisport puis, je me suis mise à l’athlétisme. Le VTT devenait un peu trop dangereux.
C’est durant vos années collège que vous avez intégré le Centre Fédéral Handisport au CREPS de Bordeaux ?
Oui. J’ai étudié de la 6e jusqu’à la 4e ici en Bretagne, à Lesneven (29). Puis j’ai intégré le Centre Fédéral au CREPS de Bordeaux, en 3e, c’était en septembre 2017.
Est-ce que cela a été compliqué pour vous de quitter le domicile familial ou, au contraire, un soulagement pour pouvoir pratiquer le sport que vous aimez ?
C’était compliqué mais c’était mon choix. Donc je pense que cela aide beaucoup aussi. Mais c’est sûr que lorsqu’on a 14 ans et qu’on ne rentre qu’aux vacances scolaires, ce n’est pas simple du tout. Et cela n’a pas été simple pendant longtemps, au moins jusqu’en 1ère. Arrivée au lycée, j’ai commencé à prendre goût à l’indépendance et à l’autonomie. Aujourd’hui, je rentre un peu chez mes parents mais, c’est l’inverse, j’ai un peu plus de mal à rentrer chez eux (rires). Je suis plus autonome et plus indépendante qu’avant. J’aime la Bretagne et j’aime Bordeaux.
Quand vous êtes arrivée à Bordeaux, votre handicap n’a donc pas été un frein ?
Non, pas du tout. En plus, quand je suis arrivée au CREPS, il y a plein de pôles avec des sportifs valides, on est tous mélangés. On est vu comme des sportifs et pas forcément comme des personnes en situation de handicap. Même au niveau des classes, on est aussi tous mélangés. Ce qui fait qu’on a tous cette identité-là en commun. Finalement, le handicap s’efface un peu.
Vous poursuivez vos études en parallèle ?
Oui, je ne me vois pas du tout arrêter mes études. Je m’entraîne du lundi au samedi entre 15 et 17 heures par semaine.
Mais c’est hyper important d’avoir un bagage scolaire avec soi quand on est sportif de haut niveau car on ne sait pas de quoi demain sera fait. Et j’ai toujours été assez scolaire, ça me plaît et je trouve que cela permet aussi d’avoir un équilibre.
Quand on présente un handicap, est-ce que c’est plus difficile de s’entraîner, de pratiquer son sport de manière professionnelle qu’un valide ?
Je ne dirais pas que c’est plus difficile mais je pense qu’on met plus d’efforts dans ce qu’on fait. Pour ma part, je m’entraîne avec un groupe de valides et je fais les mêmes entraînements qu’eux. Il n’y a pas grand-chose qui change. Il y a des petites adaptations, mais je m’entraîne vraiment comme eux. C’est important de le dire pour que les gens comprennent qu’il n’y a pas tant que ça de différences. On s’entraîne tout autant que les valides, voire peut-être même plus parce qu’on met plus d’efforts pour faire ce qu’on fait.
Vous avez été plusieurs fois récompensée ces dernières années et, pourtant, vous n’êtes pas sélectionnée pour ces Jeux Paralympiques à Paris…
Ce n’était pas une surprise pour moi de ne pas être sélectionnée, parce que c’est très difficile. Le niveau est très élevé. Nos performances entrent en ligne de compte, mais également le nombre de places que la France obtient. Je me dis que je suis encore jeune, j’ai encore d’autres Jeux auxquels je pourrais participer. Je vais suivre ces Jeux attentivement mais je ne serais pas sur la piste, malheureusement.
Justement, est-ce vous avez déjà les Jeux Paralympiques de Los Angeles en ligne de mire ?
Oui, c’est devenu mon objectif. Je vais m’y remettre en septembre après la pause estivale. Il y aura d’autres objectifs entre temps pour pouvoir être sélectionnée à ces Jeux Paralympiques de Los Angeles.
Quel regard portez-vous sur les Jeux Paralympiques de Paris ?
C’est la première fois qu’on a les Jeux Paralympiques à la maison. Je pense que cela peut vraiment aider au niveau de l’image que le public se fait des personnes en situation de handicap. C’est génial ! J’espère qu’il y aura beaucoup de spectateurs et que les gens vont aussi regarder à la télé. J’espère vraiment que les gens vont s’y intéresser et y voir des sportifs, et pas seulement des personnes en situation de handicap.
Vous espérez que l’engouement sera le même que pour les Jeux Olympiques ?
Il y aura un peu moins d’engouement, c’est inévitable. Mais je trouve qu’il y a de plus en plus de gens qui s’y intéressent. Et comme les Jeux Olympiques se sont très bien passés, cela pousse aussi à s’intéresser davantage aux Jeux Paralympiques. Les gens ont envie de poursuivre la fête.
Vous allez suivre un peu ces Jeux Paralympiques ?
Oui, je vais suivre un peu tout le monde. Inévitablement, un petit peu plus l’athlétisme (rires). Mais je vais essayer de suivre tous les sports.