Finistère : un ex-gendarme poursuivi pour harcèlement sexuel se défend de "blagues à la Bigard"

Publié : 21 novembre 2023 à 9h22 par Marie Piriou

Douze mois de prison avec sursis ont été requis ce lundi 20 novembre à Brest à l'encontre d'un ancien adjudant de gendarmerie jugé pour harcèlement sexuel sur une de ses collègues et menace de mort sur le conjoint de celle-ci.

Crédit : llustration Envato - DR

Un ex gendarme de 53 ans comparaissait ce lundi 20 novembre devant le tribunal correctionnel de Brest pour des faits présumés de harcèlement sexuel et des menaces de mort, dans la région de Morlaix.


"On est au-delà de l'humour de corps de garde", a estimé le procureur, en pointant les actes et messages répétés du prévenu, qui cherchait selon lui à obtenir un rapport sexuel avec la victime.


 


De gendarme à chauffeur de poids lourd


"Tes seins sont la forme parfaite pour mes mains", "envoie une photo de toi en train de jouir avec ton copain"... Ancien gendarme à Plourin-les-Morlaix (Finistère), Franck D., 53 ans, était jugé par le tribunal correctionnel de Brest pour une série d'actes et propos tenus entre 2017 et 2022.


L'adjudant, aujourd'hui chauffeur de poids lourd, avait été le tuteur de la victime, alors âgée de 19 ans, lors de l'entrée de cette dernière dans la gendarmerie.


Lors d'une irruption à son domicile, le prévenu, alcoolisé, avait également menacé de mort le conjoint de la victime. "J'espère que tu la baises bien (...) Si tu lui fais du mal, je te tue", avait-il dit.


La jeune gendarme, aujourd'hui âgée de 26 ans, a dit s'être sentie "un peu seule" au moment de porter plainte. "Tous les jours, on défend des victimes en tant que gendarmes mais, dans l'institution même de la gendarmerie, il y a un gros problème", a-t-elle témoigné, disant avoir subi "différentes moqueries".


 


Il plaide des "blagues à la Bigard"


À la barre l'ancien gendarme, qui a eu des problèmes d'alcool après la mort de son fils, a plaidé l'humour "gras", les "blagues à la Bigard". Il a ainsi raconté avoir suggéré du "sirop de corps d'homme" à sa collègue qui se plaignait d'avoir mal à la gorge. "On en a rigolé pendant des mois", a-t-il assuré.


"Vous ne faites pas dans la dentelle", lui a fait remarquer le président. "Quand vous dites "tu es juste bonne à écarter les cuisses", ce n'est pas de l'humour gras, monsieur, c'est humiliant, c'est insupportable."


"La réputation des gendarmes, c'est un peu ça quand même", a défendu Me Alexandre Quemener, avocat du prévenu. "Ils sont un peu bourrins..."


"Vous êtes un lourd, vous êtes un beauf mais vous n'êtes pas un harceleur sexuel", a-t-il lancé à son client, en plaidant la relaxe pour cette infraction, au nom des "33 ans de carrière exemplaire" du prévenu.


Le jugement a été mis en délibéré au 18 décembre.


 


(avec AFP)