5 jeunes rennais au cœur d’une série tournée pendant 10 ans

10h49 par Marie Piriou

"Génération 2008 : qui seront-ils demain ?". Il s’agit d’une série, un documentaire diffusé sur la chaîne LCP dont l’idée est de suivre 5 jeunes rennais aux origines sociales différentes durant 10 ans et d'observer leur évolution, leur parcours. Le 5e épisode est diffusé ce mercredi 20 novembre.

L’idée du documentaire est de suivre 5 élèves rennais aux origines sociales différentes.

Crédit : LCP-Assemblée nationale

À la télé ce mercredi 20 novembre, ne manquez pas le 5e épisode de la série "Génération 2008 : qui seront-ils demain ?".


Ce documentaire est diffusé sur la chaîne LCP et s’intéresse au parcours de Coline, Mohamed, Lilou, Riwan et Maël, 5 élèves rennais, tous nés en 2008, aux origines sociales différentes et qui étaient scolarisés dans la même classe de 6e, en 2020, à Rennes, au collège des Gayeulles.


Cela fait plus de 4 ans déjà qu’ils sont suivis par le réalisateur, François Chevré. Le 5e épisode de la série est diffusé ce mercredi, il y en aura 10 au total, à raison d’un épisode par an, jusqu’en 2030.


Entretien avec François Chevré.


 


Comment est née l’idée de Génération 2008 ?


C’est un projet anglais qui a été créé dans les années 70 et qui a été repris dans les années 80 en France avec l’idée de suivre des jeunes pendant 10 ans. C’était en 1982 sur Antenne 2 à l’époque. Avec LCP, on a décidé de reprendre ce projet, cette idée qui nous paraissait très intéressante de voir une génération grandir.


 


Une génération qui a notamment connu la période Covid ?


Exactement. Ce n’était pas prévu puisque le projet était pensé avant. Mais la première année est tombée l’année de la Covid, l’année des confinements et de l’école à la maison. Pour le premier épisode, quand les 5 jeunes étaient en 6e, on les a découverts dans leurs chambres en visio. Et ensuite, leur arrivée à l’école, masqués. Cela a duré deux ans.


 


Comment avez-vous sélectionné ces 5 jeunes ?


On a travaillé avec le ministère de l’Éducation nationale pour qu’ils nous trouvent des rectorats, des régions qui étaient prêtes à accueillir ce projet. J’ai eu plusieurs propositions, j’ai choisi Rennes et ce collège en particulier qui s’appelle Les Gayeulles parce qu’il y avait une grande mixité sociale et c’est cela qui m’intéressait. C’était surtout de sortir de Paris parce que ce n’est pas forcément très révélateur de la France. Rennes l’était plus et surtout avec un grand mélange, une grande mixité dans les origines sociales des jeunes.


 


Crédit : Capture écran Youtube | LCP


 


Quel est l’objectif de ce documentaire qui s’étale sur 10 ans ?


L’objectif, c’est de faire le portrait de cette génération. C’est aussi de voir en quoi leur avenir est écrit puisqu’ils sont d’origines sociales différentes. C’est aussi une façon de voir où en est l’école, l’Éducation nationale. Est-ce que, justement, elle efface les différences sociales d’origines ? Est-ce qu’elle remplit son rôle ? Parce qu’en France, on a l’idée que l’Éducation nationale et l’école sont là pour donner la même chance à tout le monde. Voilà, c’est la grande question.


 


Comment ces élèves ont vécu et vivent-ils encore aujourd’hui cette expérience ?


Quand ils étaient au collège, les deux ou trois premières années, ils étaient très contents de se voir à la télé. Cela leur a apporté beaucoup, notamment à Lilou qui avait des problèmes de confiance en elle. Le fait de se voir plutôt mise en avant, ça lui faisait du bien. Maintenant l’adolescence est arrivée, ils ont un petit peu plus de mal avec leur image. Donc c’est un petit peu plus compliqué pour eux, du coup pour moi aussi pour les filmer, parce qu’il faut les convaincre à chaque fois (rires). Mais ils sont encore attachés au projet et ils ont envie de continuer.


 


Comment se sont organisés les jours de tournage ?


C’est un travail de téléphone, on va dire (rires). Parce que, moi, j’habite à Paris et eux à Rennes. Donc pour garder le contact, je passe par téléphone, j’utilise beaucoup WhatsApp, on utilise beaucoup les messages. Je n’ai qu’une quinzaine de journées de tournage par an. Donc si on divise, cela fait trois journées par jeune pour raconter une année, ce n’est pas simple. Je dois beaucoup discuter avec eux pour savoir à quel moment je vais venir, quel moment va être le plus intéressant et aussi discuter avec les établissements scolaires, parce qu’ils sont maintenant dans deux lycées. En fait, ce n’est pas un résumé de l’année, ce sont plutôt les moments clés qui vont marquer leur année.


 


Crédit : Capture écran Youtube | LCP


 


Comment vous perçoivent ces jeunes ?


Je ne leur ai jamais vraiment posé la question. Mais pour certains, j’ai l’impression d’être un peu un copain mais en même temps un adulte. Donc je suis un peu entre les deux. Pour certains, j’ai quand même eu le droit à des confidences que les parents n’ont pas entendues. Donc j’ai une position un peu exceptionnelle. Ça, c’est vraiment intéressant.


 


Il y a certains élèves qui ont des histoires ou des parcours de vie assez atypiques ?


Oui. Par exemple Lilou qui a fait face au harcèlement au collège, c’étaient des moments compliqués. Elle a volontiers voulu en parler, à la fois pour se faire du bien en utilisant aussi un peu le documentaire pour faire une espèce de catharsis, cela lui fait du bien de parler et de se voir. Mais aussi un peu par militantisme pour continuer à sensibiliser et pour lutter contre cela. Chacun à son histoire particulière. Coline,elle, est partie en Angleterre avec sa famille. Ses parents voulaient leur montrer ce qu’était la vie à l’étranger. On s’adapte plus ou moins facilement à un milieu qu’on ne connaît pas. Il y a aussi Mohamed qui vit avec sa mère, qui est né en Afrique, donc qui n’a pas forcément autant de codes que Coline dont les parents sont capables de les amener à l’étranger. Voilà, ce sont toutes ces histoires-là qu’on cherche à raconter.


 


Que raconte le dernier épisode diffusé ce soir sur LCP ?


Le dernier épisode traite de leur année de seconde. En fait, c’est un peu mon histoire. Quand je suis arrivé en seconde, je me suis pris une énorme claque. J’ai eu une moyenne horrible au premier trimestre. Et à partir de là, j’ai voulu voir comment eux vivaient l’année de seconde. Sachant que certains d’entre eux sont dans un lycée assez exigeant. Donc le niveau est assez haut. Je voulais voir comment ils vivaient cela, comment ils s’adaptaient. Et justement, les origines sociales ont un vrai impact. C’est à partir de cet épisode qu’on commence à comprendre que le parcours est plus ou moins écrit.


 



 


Est-il préférable d’avoir visionner les précédents épisodes avant de voir celui de ce soir ?


C’est l’idéal (rires). En fait, chaque épisode est construit de façon qu’on n’ait pas besoin de voir les précédents, comme beaucoup de séries. Mais en vrai, c’est toujours l’idéal de voir les précédents parce que cela nous permet de les connaître, de s’attacher à eux et justement, de voir le parcours. Parce que c’est vrai que ne connaître que l’année de seconde en n’ayant pas la connaissance des années collèges et de ce qui s’est passé avant, c’est un peu dommage.


 


Retranscription par Mikaël Le Gac


 


Rendez-vous ce mercredi 20 novembre à 20h30 sur la chaîne LCP pour visionner le 5e épisode de "Génération 2008 : qui seront-ils demain ?". L’épisode sera également disponible sur YouTube où l’on peut retrouver aussi les précédents épisodes.