Suicide : le réseau social TikTok assigné en justice par sept familles en France
4 novembre 2024 à 16h03 par Zacharie Brault
Le réseau social chinois est accusé d'exposer les enfants à de nombreuses vidéos en faisant la promotion du suicide, de l'automutilation ou encore des troubles alimentaires.
Sept familles françaises s'organisent en collectif pour affronter l'un des réseaux sociaux les plus puissants au monde : TikTok. Selon des informations de FranceInfo, le réseau social chinois, utilisé par plus d'1,2 milliard de personnes dans le monde, est assigné devant le tribunal judiciaire de Créteil.
Le collectif Algos Victima représente ces sept familles françaises qui attaquent en justice le monstre TikTok. Sept familles qui représentent sept adolescentes.
Parmi elles, deux se sont suicidées à l'âge de 15 ans, Charlize et Marie, quatre autres, ont tenté de le faire, et une, a connu des problèmes d'anorexie.
"L'algorithme, a capté le style de ses recherches, et lui a proposé d'autres contenus, qui ont été de pire en pire, sur la dépression ou encore les scarifications. TikTok a amplifié son malaise", a dénoncé la mère de Charlize.
L'adolescente, en situation de harcèlement scolaire, avait mis fin à ses jours le 22 novembre 2023.
En 2021, après le suicide de Marie à Cassis, ses parents avaient déjà porté plainte contre le réseau social pour "provocation au suicide", "non-assistance à personne en péril" et "propagande ou publicité des moyens de se donner la mort".
L'algorithme de TikTok dans le viseur
Représentées par leur avocate Laure Boutron-Marmion, les familles estiment que TikTok a fait preuve de négligence, pour ne pas avoir mis en place un système de modération contre ce type de contenu pour les mineurs.
Si le succès de l'application provient à son algorithme ultra-efficace, celui-ci est aussi, pour ces familles, la raison d'un mal-être grandissant chez ces adolescentes.
De son côté, Maële*, une des adolescentes concernées, rapporte à FranceInfo avoir fait plusieurs tentatives de suicide.
Elle découvre TikTok à 14 ans, elle aussi victime de harcèlement scolaire. Elle like "des contenus qui parlaient de chansons tristes". L'algorithme le comprend, et propose alors à Maële des contenus "d'incitation à l'automutilation ou au suicide".
Aujourd'hui âgée de 17 ans, Maële accuse TikTok de l'avoir "encouragé à mettre fin à ses jours en donnant des astuces pour aller acheter des médicaments ou quoi utiliser pour se faire du mal".
Le collectif Algos Victima espère voir le réseau social améliorer sa modération avec cette action en justice.
Dans la charte de l'application, TikTok s'engage à "fournir aux adolescents et aux familles des outils et ressources pour aider chacun dans son parcours de bien-être numérique".
Il y a quelques mois, l'application était déjà dans le viseur de l'Union européenne pour une fonctionnalité jugée addictive, supprimée depuis.
En France, 21 millions de personnes utilisent le réseau social.
Contacté, TikTok n'a pas répondu aux sollicitations de FranceInfo.
*Le prénom a été modifié