Confinement : verbalisé malgré l’attestation pour motif familial impérieux
Publié : 15 avril 2020 à 9h56 par Alexandrine DOUET
Patrice Dupas, domicilié dans le Loir-et-Cher n’a pas pu faire ses adieux à son père mourant, qui réside sur l’île de Ré. Après avoir parcouru 300 km, il a été contraint de faire demi-tour, suite à un contrôle de gendarmerie.
L’information a été révélée le 7 avril dernier par « Le Petit Solognot », quotidien du Loir-et-Cher.
5 heures de négociations
C’est après avoir reçu un coup de téléphone de sa belle-mère que Patrice décide de se rendre au chevet de son père, 82 ans malade d’un cancer, dont l’état de santé s’est brusquement dégradé. Au préalable, en raison des mesures de confinement, le viticulteur téléphone aux gendarmes de son département pour s’assurer qu’il est bien autorisé à prendre la route pour se rendre sur l’île de Ré, précisément à Rivedoux où réside son père. Les gendarmes lui assurent qu’il n’y a aucun souci, invoquant le motif familial impérieux.
Le samedi 4 avril au matin, contrôlé une première fois à la sortie de l’autoroute, il est autorisé à poursuivre sa route après avoir présenté son attestation. Mais 300 km plus loin, Patrice doit de nouveau s’arrêter alors qu’il vient de franchir le pont de l’île de Ré. Il ne lui reste pourtant que quelques kilomètres à parcourir pour rejoindre la maison de son père, mais un gendarme en a décidé autrement. Le conducteur présente son attestation, le militaire rappelle que les visites aux personnes âgées sont interdites dans les EHPAD. Le Loir-et-Chérien précise que son père est hospitalisé à domicile et que ses jours sont comptés. Malgré plusieurs appels téléphoniques à la belle-mère de l’automobiliste, au médecin de l’octogénaire et même à la gendarmerie locale, aux élus et à la préfecture, rien n’y fait, le gendarme ne veut rien entendre et décide d’appliquer la loi coûte que coûte. À l’issue de 5 heures de négociations au total, Patrice est verbalisé et devra payer une amende de 135€.
Demi-tour après 300 km
La mort dans l’âme, le viticulteur n'a d'autre choix que de faire demi-tour, mais il ne compte pas en rester là. Le soir même, il contacte la gendarmerie nationale via sa page internet. Un adjudant lui répond qu’il s’agissait bien en effet d’un motif impérieux et reconnaît une erreur d’appréciation, en ajoutant que l’île de Ré est sous haute surveillance, en raison de la présence de nombreuses résidences secondaires. Patrice Dupas a décidé de contester sa verbalisation. Il a également effectué un signalement auprès de l’Inspection Générale de la Gendarmerie Nationale (IGGN) et saisi le procureur de la République de La Rochelle.
Le vigneron a finalement pu se rendre quelques jours plus tard sur l'île de Ré mais cette fois pour assister aux obsèques de son père.