Les Secrets du Vendée Globe : comment les marins gèrent-ils leur sommeil ?
2 novembre 2024 à 8h22 par Zacharie Brault
Adieu les grasses matinées, les nuits complètes et les matelas moelleux. Place aux courtes siestes et au bruit assourdissant des vagues contre la coque.
Le Vendée Globe est une course mythique, où les skippers s’élancent pour un tour du monde en solitaire, ne laissant que très peu de place au repos.
Pendant plus de deux mois, les navigateurs affrontent des mers déchaînées, des tempêtes, et des vagues de plusieurs mètres de haut, tout en devant gérer un paramètre fondamental pour leur survie et leur performance : le sommeil. Un sommeil qu'il faut trouver, malgré des conditions loin d'être propices.
"Les bateaux sont très stressants, on peut parfois subir 4 à 5 G à cause du vent, des vagues et du bateau, sans être attaché, et avec 65 à 75 décibels en moyenne, décrit le Breton Maxime Sorel. Pour dormir, ça peut être très compliqué dans cet environnement-là."
Quand dormir et combien de temps ?
Quand dormir ? Quand les skippers le peuvent. Combien de temps ? Quelques minutes, une heure, une heure et demie tout au plus.
"Suivant la météo, le trafic maritime, ou les concurrents qu’on a autour, il y a des moments où l’on peut se relâcher", explique le skipper vendéen Benjamin Dutreux à notre micro, qui s’élancera pour son deuxième Vendée Globe le 10 novembre. "Mais ça se gère par des tranches de sommeil de 20 minutes, à 1h30 grand maximum" enchaîne-t-il.
Des courtes siestes, pour recharger le corps le plus efficacement possible, surtout dans les moments stratégiques. "En début de course, lorsqu’on est proche les uns des autres, on fait des siestes flash de quelques minutes pour ne pas faire de bêtises, confie le Sablais Manuel Cousin. De toute façon l’adrénaline du début de course nous empêche de dormir.".
Pour l'Italien Giancarlo Pedote, "il n'y a pas de miracle, il ne faut jamais avoir les batteries à zéro. Il faut dormir quand on peut dormir, et ne pas attendre d'être complètement fatigué".
Faire confiance au matériel
Les skippers sont préparés mentalement à se libérer du stress. La difficulté du sommeil, c’est de dormir pendant que le bateau poursuit sa route.
"Le bateau fonce à 20, 25, 30 nœuds. Il faut être capable de dormir alors que le bateau est réglé pour aller droit devant. Il ne faut pas de bug, et avoir confiance dans le matériel", rapporte Manuel Cousin.
C’est aux skippers, ensuite, de parvenir à se détacher de ce stress, ce que la Britannique Samantha Davies semble réussir à faire : "Grâce aux alarmes, le bateau me réveille s’il a besoin de moi".
Même son de cloche chez Jérémie Beyou, qui à notre micro, semble confiant sur tous les points : "La gestion du sommeil est un de mes points forts. Je me connais, je connais mon bateau et je connais le rythme de la course. Je ne suis pas inquiet". Une déclaration qui pour le coup, pourrait presque inquiéter ses concurrents.
Aujourd’hui, les skippers peuvent compter sur des alarmes. Il en existe plusieurs : des alarmes de collision, de trafic, de météo, mais aussi des radars et des caméras.
Les alarmes, permettent alors de se reposer, tout en continuant d’être compétitif sur la course. "Quand on se réveille et qu’on a pris de l’avance sur nos concurrents pendant le sommeil, c’est pas mal", se souvient Charlie Dalin, le sourire jusqu’aux oreilles.
Besoin de s’entraîner ?
"Surtout pas !", prévient Manuel Cousin. "On essaie de se reposer au maximum avant le départ", enchaîne-t-il. Une tâche compliquée, surtout lorsque la course est précédée de trois semaines de village aux Sables-d’Olonne. "On est tout le temps sollicités par le public, les médias, les sponsors, les amis, la famille, et c’est normal, reconnaît-il. Donc, en général, on prend le départ, fatigué, et malade, à force de faire la bise et de serrer la main à tout le monde !"
Pas d’entraînement particulier donc, sauf pour certains skippers. Charlie Dalin annonce "travailler avec le Centre du sommeil à Paris pour optimiser son sommeil au maximum".
Plus de confidences dans notre podcast
Pour découvrir encore plus de témoignages des skippers du Vendée Globe 2024, écoutez l'épisode consacré au sommeil de notre podcast "Les secrets du Vendée Globe" :