Les algues vertes bretonnes au cœur d'un film

12 juillet 2023 à 6h12 par Joséphine Point

Le long-métrage "Les algues vertes" sort dans les salles de cinéma ce mercredi 12 juillet.

Les algues vertes de Bretagne au cœur d'un film
Le personnage principal est incarné par l'actrice Céline Sallette.
Crédit : Haut et Court

Le film "Les algues vertes", réalisé par Pierre Jolivet et qui sort ce mercredi 12 juillet en salles, retrace la difficile enquête d'une journaliste entre 2015 et 2018 pour médiatiser cette pollution environnementale sur les côtes bretonnes. Le long métrage est tiré de la bande dessinée éponyme publiée en 2019 par la Revue Dessinée et les éditions Delcourt, qui s'est vendue à plus de 132 000 exemplaires.

Journaliste pigiste de radio, Inès Léraud, interprétée par l'actrice Céline Sallette, quitte Paris et s'installe sur la côte nord bretonne avec sa compagne pour enquêter sur le phénomène des algues vertes après des morts suspectes. Au fil de ses investigations, elle rencontre des scientifiques qui l'alertent sur cette pollution causée en partie par l'agriculture intensive. Elle fait face aux pressions et à l'omertà d'une partie du monde agricole et se heurte aux silences des institutions.

"Quand on lit la bande dessinée d'Inès Léraud, on ne sait pas tout ce qu'elle a traversé pour l'écrire", explique Pierre Jolivet à l'issue d'une avant-première dans une salle comble du cinéma l'Arvor de Rennes. Dans le film, "on a les informations de la bande dessinée, et on a aussi une aventure humaine, avec ce couple (Inès Léraud et sa compagne, ndlr) et les difficultés. Et aussi à quel point les lanceurs d'alerte vivent des vies difficiles pour faire passer leurs messages", relève le réalisateur.

Différence notable avec la bande-dessinée : la mise au centre de l'adaptation de la journaliste-enquêtrice. "Je trouvais ça intéressant de porter le projet au cinéma sous cette forme, argumente Inès Léraud, co-scénariste. Pierre Jolivet a réussi ce bon alliage. On a les éléments du dossier et on est aussi dans les coulisses de l'enquête", ajoute-t-elle, avec ses moments d'abattement mais également des scènes "d'empathie et d'émotions" dans son couple ou avec "ceux qui se battent" contre la pollution.

 

Un film fort en émotion

L'avant-première le 4 juin a été particulièrement émouvante avec la présence de Rosy Auffray, veuve de Jean-René Auffray, joggeur mort en 2016 dans une vasière envahie d'algues vertes à l'embouchure du Gouessant, et de leurs trois enfants. "Pierre (Jolivet) a très bien traduit au niveau émotion tout ce qui était important à nos yeux", confie Rosy Auffray, très émue. En novembre, le tribunal administratif de Rennes avait rejeté ses demandes d'indemnisation, estimant que le "lien de causalité" entre la présence des algues et le décès "ne pouvait être établi". La famille a fait appel.

 

Un tournage "cauchemar"

Lors de la présentation du film, qui a bénéficié d'une aide financière de la région Bretagne pour sa réalisation, l'expérimenté réalisateur de 70 ans a évoqué "le cauchemar" que fut le tournage d'un point de vue technique. "Vous ne pouvez pas savoir le nombre de personnes qui ne voulaient pas qu'on tourne... Beaucoup de municipalités nous ont dit 'vous ne tournez pas'. Je n'avais pas le droit de poser un pied de caméra, (de faire) un travelling, dans plein de décors. Donc on a décidé de faire le film entièrement à l'épaule", a souligné Pierre Jolivet, évoquant aussi l'impossibilité de filmer dans une porcherie industrielle.

"On aimerait que ces gens se réconcilient, se parlent. on a envie que le film soit vu et qu'ils se mettent autour d'une table", a-t-il espéré.

Le sujet est plus que jamais au coeur de l'actualité. Ce lundi 10 juillet, l'association Greenpeace a déversé des algues vertes devant la préfecture du Finistère.

(avec AFP)