L’entreprise bretonne "Doudou et Compagnie" revient sur le succès des Phryges
17 septembre 2024 à 11h07 par Joséphine Point
C'est à La Guerche-de-Bretagne, en Ille-et-Vilaine, que les fameuses mascottes des Jeux de Paris 2024 ont été conçues.
D’abord critiquées, les Phryges ont fini par séduire une bonne partie des Français, jusqu'à rendre triste de les voir (peut-être) bientôt disparaître. Le saviez-vous ? L'entreprise bretonne Doudou et Compagnie, en Ille-et-Vilaine, a eu la grande responsabilité de produire une grande partie de ces mascottes.
Rencontre avec Déborah Vital, directrice générale opérationnelle de la société basée à La Guerche-de-Bretagne.
Combien de peluches ont été vendues au total ?
On a vendu environ 1,5 million de mascottes et on continue à très bien la vendre grâce à tout le bon buzz qu’il y a autour d'elles.
Vous en avez d’ailleurs vendu beaucoup après les Jeux paralympiques ?
Oui, c’est vrai qu’il y a eu plusieurs moments forts. Il y a d’abord eu la période du passage de la flamme, où les Jeux sont rentrés dans les villes, sont allés rencontrer les Français. Ça a déjà été un bon point pour la mascotte qui s’est fait connaître dans toute la France. Il y a eu les Jeux olympiques, et c’est vrai que lors des Jeux paralympiques, ça a été une vraie révélation.
On a eu la chance aussi d’être sélectionnés pour fabriquer la mascotte qui a été remise aux médaillés. En plus, cette mascotte a quelque chose de très spécifique, elle a une prothèse qu’on a souhaité développer pour être au plus près de la réalité. C’était super important pour montrer le handicap et faire comprendre aux enfants, "voilà en quoi une personne en situation de handicap peut aussi vaincre et gagner".
Ce qui a été très fort aussi, c’est que cette mascotte s’est exportée dans le monde entier. Il paraît que c’est une première. Comment vous l’expliquez ?
C’est une grande première, tout à fait. On avait à cœur de dire que cette mascotte des Français, c’est aussi la mascotte de tous. Parce que les Jeux olympiques, c’est 15 000 athlètes, ce sont des millions de téléspectateurs dans le monde, c’est une vraie visibilité à l’international. On s’est rapidement rendu compte que les premiers fans des Phryges, c’étaient les touristes étrangers qui venaient en France et qui repartaient dans leur pays avec un souvenir de ce moment fort.
C’est vrai que les pays comme la Chine et le Japon ont tout de suite adhéré à ce symbole de la France qu’est la Phryge. C’est la mascotte des Jeux de Paris 2024. Paris, c’est une icône, ce n’est pas n’importe quelle ville. C’est la ville du romantisme, la ville de la culture, la ville du sport... La mascotte cochait toutes les cases pour séduire les autres pays, où on a vu des ventes extraordinaires. On a vendu des milliers de pièces à l’étranger.
Vous qui êtes en Bretagne, est-ce que votre entreprise a attisé la curiosité du public ? Est-ce que les gens se sont déplacés pour découvrir Doudou et Compagnie ?
Oui, tout à fait. Notre siège social est situé dans le Val-d’Oise, mais l’usine est effectivement en Bretagne. On a organisé des portes ouvertes, on a aussi reçu des écoles. C’était super de voir des élèves dans l’usine. On leur a fait visiter les différentes étapes de la production. Il faut savoir qu’une mascotte, un produit peluche, c’est un travail très complexe, très minutieux. C’est pour ça aussi que réindustrialiser, relocaliser en France, c’est un gros travail. Grâce aux Jeux, on a pu mettre en place des process, des productions qui ont permis de fabriquer jusqu’à 1 000 pièces par jour. C’est un vrai défi industriel qu’on a su relever.
De présenter aux élèves l’industrie à travers la mascotte des Jeux, je pense que c’est un bel accompagnement dans la découverte de l’industrie pour les plus jeunes. Et ça, c’est un défi aussi qu’on veut relever après les Jeux, puisqu’on est en train d’imaginer une école de formations et on a beaucoup de projets.
Que va devenir, à présent, cette Phryge ? Est-ce que c’est fini ? On ne va plus du tout la produire ?
Ça, ce n’est pas possible (rires). Quand on voit le succès qu’elle a… C’est vrai que ses débuts ont été un peu difficiles. Nous, on y a cru dès le début, lorsque la direction artistique de Paris 2024 nous a présenté le projet. On a dû avancer sur le dossier de candidatures sans savoir à quoi ressemblait la mascotte, c’était confidentiel au début. On a eu confiance parce qu’on sait que la mascotte des Jeux, c’est vraiment le produit dérivé le plus vendu. C’est vraiment le lien entre les gens et le sport. Ensuite, elle a fait son petit bonhomme de chemin et, aujourd’hui, c’est la star des réseaux sociaux. Donc, c’est hors de question d’arrêter la production (rires). On a déjà des petites idées pour la suite des Phryges.
Est-ce qu’on aura, par exemple, des Phryges pour Noël ?
Tout est encore un peu confidentiel, mais on a des idées ! Il n’y a eu qu’un Noël pour les Phryges, c’était le Noël 2023. Et le Noël 2024, on va dire que c’est le Noël de l’année des Jeux. Donc, oui, il y aura des choses sympas...
Entretien mené par Niko & Lola et retranscrit par Mikaël Le Gac