Il y a 80 ans jour pour jour, Royan rasée par les bombes alliées

Publié : 5 janvier 2025 à 8h16 par Rédaction Alouette avec AFP

Le 5 janvier 1945, Royan est bombardée par les alliés, faisant 442 morts civils… des ratés et des malentendus sont à l'origine de la destruction de la ville, encore tenue par les Allemands.

Bombardement Royan
Crédit : Collection Musée de Royan | royanatlantique.fr

La station balnéaire à la mode pendant l'entre-deux-guerres est l'une des "Poches de l'Atlantique", comme Lorient, Saint-Nazaire et La Rochelle, où les Allemands restent retranchés privant les Alliés d'accès aux ports.

À Royan, 5 000 soldats allemands verrouillent l'embouchure de la Gironde dans leur "Festung" (forteresse) encerclée par 15 000 soldats français, pour beaucoup d'anciens maquisards.

Le général De Gaulle insiste auprès du général Eisenhower, chef suprême de l'État-major des forces alliées en Europe (S.H.A.E.F), pour que Royan soit attaquée, selon l'historien Guy Binot ("Royan, 5 janvier 1945").

À Saintes, le 18 septembre, De Gaulle évoque la nécessité d'un "projet offensif pour dégager l'estuaire de la Gironde, lors d'une démonstration de force pour inciter les Allemands des autres poches à se rendre", décrit un autre historien Stéphane Weiss, qui évoque aussi une "pression des milieux économiques" de l'époque pour rouvrir l'accès au port de Bordeaux.

Les états-majors français et américains se consultent le 10 décembre à Cognac pour préparer les bombardements tactiques précédant une attaque terrestre. Nom de code de l'opération : "Indépendance".

 

1 600 tonnes de bombes s'abattent sur la ville

Une carte des objectifs militaires à bombarder en périphérie de Royan est transmise aux Américains. Mais un dramatique enchaînement d'imprécisions aboutit à la destruction de la "Perle de l'Atlantique".

"Il y a eu des perceptions différentes et des absences de vérifications d'un échelon à un autre", dépeint Stéphane Weiss.

La Bataille des Ardennes, en Belgique, dernière offensive d'Hitler, repousse l'opération. Le S.H.A.E.F maintient néanmoins l'ordre de bombardement, alors que les Français pensent qu'il n'est plus d'actualité. Ils ne seront informés qu'une fois les opérations terminées, comme pour d'autres raids préalables des Américains en décembre.

"Deux télégrammes chiffrés sont adressés aux Français en soirée du 4 mais ils ne seront réceptionnés que dans la nuit et décodés qu'au petit matin" du 5 janvier, explique M. Weiss.

Entre-temps, entre 4H00 et 6H00 du matin, 347 bombardiers de la Royal Air Force ont largué 1 600 tonnes de bombes, en ciblant la cité balnéaire et non les défenses périphériques.

Une "tragique erreur" reconnaîtra après coup le général Edgard de Larminat, à la tête des Forces françaises de l'Ouest : le centre-ville est détruit à plus de 85%, 442 personnes sont mortes sous les bombes et 600 blessées. Les Allemands, qui ne résident pas dans le centre, enregistrent 47 décès et leurs fortifications sont intactes.