Fermeture de deux usines Michelin : "La décision était inéluctable"

Publié : 5 novembre 2024 à 17h07 par Zacharie Brault

Le groupe a annoncé le 5 novembre, la fermeture des sites de production de Vannes et de Cholet. 1254 salariés se retrouvent sur le carreau. Le groupe affirme pourtant avoir tout essayé.

Fermeture Michelin Cholet
Après l'annonce de la fermeture, les salariés choletais ont affiché leur mécontentement dans la rue.
Crédit : Alouette

En l'espace de vingt ans, 6 usines Michelin ont fermé leurs portes. Le géant du pneu souffre, un soit maintenant s'incliner sur ses sites de production de Cholet et de Vannes. Plus d'un millier de salariés sont concernés. 

La concurrence asiatique aura eu raison de deux sites de productions Michelin en France. 

"45 % des pneus tourismes camionnettes vendus en Europe sont importés de l'étranger" constate Arnaud Gage, directeur industriel des productions pneus camionnettes et tourisme en Europe du groupe Michelin. Une menace, pour le géant français, qui doit aussi faire face à "des importations en provenance de Chine qui ont doublé ces dix dernières années"

 

"Une décision inéluctable"

Le groupe l'annonce, "tout a été mis en œuvre pour trouver une solution sur le site de Cholet" explique Arnaud Gage. 

Cependant, entre les pneus low-costs qui inondent le marché en provenance de Chine, et le coût de l'énergie qui explose en Europe, "la décision était inéluctable" assume-t-il. 

"C'est tout un territoire qui vit un choc" a constaté Alexander Law, directeur du développement social du groupe Michelin. 

Et face au millier de salariés qui se retrouvent sans solutions, Alexander Law assure "que tout sera mis en œuvre pour accompagner et trouver une solution" aux 1254 salariés de Cholet t Vannes. 

Jusqu'au 12 novembre prochain, le groupe a annoncé suspendre la production "afin de permettre aux salariés d'échanger avec leurs proches, leur manager et leurs collègues" a déclaré Arnaud Gage.

 

Colère et incompréhension

Échanger, il faudra qu'ils le fassent pour évacuer la colère et l'incompréhension qui régnait dans les rangs devant l'usine de Cholet le 5 novembre. 

"La grève a été votée" a scandé un salarié de l'usine après le vote des syndicats. Il s'en est suivi un blocage d'un des carrefours routiers situé à proximité du site choletais, où la colère est montée.

"On a le sentiment d'avoir été pris pour des imbéciles" avoue Mickaël, qui a déjà connu la fermeture de l'usine de Joué-lès-Tours il y a quelques années. 

 "On attend des réponses depuis des semaines, et elles n'arrivent pas" reproche Morgane Royer, déléguée syndicale Sud Michelin, qui ressent un certain "mépris" venant de la direction de l'usine. 

Face à la promesse du groupe "d'accompagner chaque salarié", Morgane explique : "On ne peut pas se permettre de parler de confiance aujourd'hui". Si elle n'ose pas parler encore de "méfiance", Morgane "attend de voir" comment la suite va évoluer. 

 

Un retentissement national

Interpelé sur le sujet à l'Assemblée nationale mardi après-midi, le Premier ministre Michel Barnier a déclaré être "en désaccord" avec la décision de Michelin, "qu'il regrette"

"Je ne suis pas fier d'une politique qui détruirait des emplois, jamais" a ajouté le Premier ministre devant les députés. 

"J'ai le souci de savoir ce qu'on a fait dans ces groupes de l'argent public qu'on leur a donné. Je veux le savoir. Et donc nous allons poser des questions et nous verrons si cet argent a été bien ou mal utilisé pour en tirer les leçons", a-t-il conclu.