Charente : le policier qui a tiré sur un jeune de 19 ans a été mis en examen

29 juin 2023 à 8h06 par Joséphine Point

Atteint au thorax, le jeune guinéen est décédé.

Police
Crédit : Illustration Envato - DR

Le policier auteur du tir mortel contre un jeune homme de 19 ans le 14 juin à Saint-Yrieix, a été mis en examen ce mercredi 28 juin pour homicide volontaire. Le brigadier de 52 ans est placé sous contrôle judiciaire avec l'interdiction d’exercer son métier.

Le 14 juin au petit matin, à Saint-Yrieix-sur-Charente, dans la banlieue d'Angoulême, Alhoussein Camara avait été touché mortellement par un tir de policier en tentant d'échapper à une interpellation lors d'un contrôle routier.

D'après les premiers éléments de l'enquête, alors que deux véhicules de police tentaient de l'interpeller, le jeune homme avait enclenché la marche arrière pour repartir ensuite en avant, heurtant les jambes d'un policier, qui avait alors tiré une balle.

Les proches d'Alhoussein Camara ont très vite dénoncé une "bavure".

 

Des images non exploitables

D'après l'enquête menée depuis par l'inspection générale de la police nationale (IGPN) et communiquée au parquet, "les analyses toxicologiques n'ont révélé aucune trace d'alcool ou de stupéfiants chez le conducteur du véhicule", qui a emprunté "vraisemblablement" le trajet "qui le menait à son travail", a ajouté la procureur d'Angoulême mercredi.

La scène n'a pas été filmée par le policier mis en cause, "bien porteur d'une caméra piéton" mais "dont l'exploitation n'a pas été possible faute de charge suffisante (...) au moment des faits", a ajouté la procureure, qui avait également ouvert mi-juin une enquête pour "refus d'obtempérer" et "violences volontaires sur personne dépositaire de l'autorité publique".

"La retranscription des appels audio" entre les policiers et leur centre opérationnel est "conforme" aux déclarations faites devant les enquêteurs, selon la magistrate.

L'information judiciaire pour "homicide volontaire" doit permettre de mener "des investigations complémentaires, tenant notamment aux conditions de l'usage de l'arme et aux circonstances d'un possible état de légitime défense", a expliqué le parquet.

Arrivé en France en 2018, passé par un foyer de l'Aide sociale à l'enfance et ayant décroché un CAP de cuisine, le jeune Guinéen a travaillé dans un restaurant et officiait désormais dans une base logistique d'Intermarché, où il se rendait, selon ses proches. Il était inconnu de la justice, selon le parquet.

 

Une affaire similaire au coeur de l'actualité

La mort d'Alhoussein Camara dans le cadre d'une interpellation était la première en 2023 dans ces circonstances, avant celle de Nahel, un jeune automobiliste de 17 ans, tué mardi 27 juin à Nanterre lors d'un refus d'obtempérer.

La mort de Nahel a entrainé des réactions dans toute la France. De nombreuses voitures ont été incendiées dans la nuit à Nanterre, des incidents se sont également produits dans d’autres villes, comme à Toulouse et à Lille. À Rennes, 350 personnes ont défilé avant d’incendier des poubelles sur la place Sainte-Anne. 300 personnes ont également manifesté à Nantes, cette fois dans le calme. La famille de Nahel appelle à une marche blanche à Nanterre ce jeudi (29 juin) après-midi.

 

(avec AFP).