Viols de Mazan : le verdict d'un procès historique
Publié : 11h13 par Zacharie Brault
Le verdict est tombé ce jeudi 19 décembre. C'est la fin de plusieurs semaine éprouvantes pour Gisèle Pelicot.
Crédit : Capture d'écran | YouTube | AFP
L'accusation réclamait "de la prison pour tous". Soit au total, pour les 51 accusés de ce procès historique. Les avocats de la défense, eux, avaient plaidé l'acquittement pour une majeure partie des prévenus. La cour criminelle de Vaucluse a rendu son verdict ce jeudi matin.
Après trois mois et demi d'audience, c'est aujourd'hui que l'histoire prend fin. La cour criminelle a annoncé le sort qu'elle compte réserver à ces hommes, âgés de 27 à 74 ans, venus agresser sexuellement et violer Gisèle Pelicot. La victime était préalablement sédatée par son ex-mari, Dominique Pelicot. L'ex-mari de la victime recrutait ensuite les hommes sur Internet.
Des peines allant de 4 à 20 ans de prison ont été requises. La plus faible pour Joseph C. jugé pour agression sexuelle, et la peine maximale pour Dominique Pelicot. L'avocte de l'accusé "n'exclut pas de faire appel" de la décision.
C'est d'ailleurs lui qui a été reconnu "coupable de viols aggravés et de tentative de viol" en premier ce jeudi matin. Il est également reconnu coupable d'avoir enregistré des images de sa fille et de ses deux belles-filles. Pour l'ensemble de ces faits, il a été condamné à 20 ans de prison. Le tribunal a suivi les réquisitions du parquet.
Ce jeudi matin, les 51 accusés ont défilé devant le président de la cour criminelle. Pour quasiment chaque accusé, la cour déclare : "Il a été répondu oui à l'ensemble des questions sauf celle portant l'altération du discernement. Vous êtes donc déclaré coupable de viol aggravé par deux circonstances, la réunion, et l'administration de substances".
Des peines inférieures aux attentes
Dominique Pelicot a donc été condamné de 20 ans de prison, comme le demandait l'accusation. En fin de peine, une réévaluation de sa situation sera mise en place.
Sur les 51 accusés, tous, sans exception, ont été reconnus coupables.
Un seul d'entre eux a vu les charges retenues contre lui requalifiées en "tentatives de viol". Pour trois autres, la circonstance aggravante "d'administration de substances" n'est pas retenue, mais il reste celle de "viol en réunion".
Les 51 accusés ont été condamnés à des peines allant de 3 à 15 ans de prison.
Jean-Pierre M., accusé d'avoir violé sa femme avec le même mode opératoire que Dominique Pelicot, écope de 12 ans de prison. 17 années avaient été requises par l'accusation.
Dans l'ensemble, les accusés sont condamnés à des peines inférieures à celles réclamées par le ministère public lors des réquisitions.
6 accusés sont ressortis "libres" à la fin de l'audience. Il s'agit d'accusés ayant déjà effectué leur peine en détention provisoire. Ils n'iront donc pas en prison. À moins que le parquet ne fasse appel de la décision, dans un délai de 10 jours.
À l'inverse, plusieurs accusés, qui comparaissaient libres, dormiront en prison ce soir.
Au total, ils seront 41 à dromrir en prsion au soir du jugement. 3 accusés sont concernés par "un mandat de dépôt différés". Pour des raisons de santé, ils ne peuvent pas être placé en détention ce soir. Ils ont 4 mois maximum pour effectuer leurs peines.
Un procès historique
L'affaire, méconnue de tous à ses débuts, a rapidement obtenu un retentissement national et international. Et pour cause, la victime, Gisèle Pelicot, a refusé le huis clos de l'affaire, afin que "la honte change de camp". Une déclaration depuis reprise par les mouvements féminismes et les soutiens de la victime qui se rendent au tribunal depuis de nombreuses semaines.
À sa sortie de chaque séance d'audition au tribunal, Gisèle Pelicot a rapidement été acclamée par le public. Des applaudissements, des pancartes de soutien, des encouragements, un élan solidaire s'est emparé du public pour cette femme qui a connu l'horreur.
Gisèle Pelicot est devenue une icône dans ce procès historique.
Ce jeudi matin, une banderole écrivant "Merci Gisèle" était accrochée aux remparts de la vieille ville d'Avignon, face au tribunal.
Cette affaire aura permis d'incarner le fléau des violences sexuelles, à travers la figure de Gisèle Pelicot, qui de victime anonyme s'est muée au fil des semaines en une icône féministe exhortant les femmes "à ne plus se taire" afin que "la honte change de camp".