Un dessinateur angoumoisin jugé pour avoir commandité des centaines d'abus d'enfants sur Internet

29 octobre 2024 à 11h42 par Nicolas Mézil avec AFP

Un dessinateur réputé à Angoulême, et qui a notamment travaillé pour Pixar et Disney, est jugé jusqu’à jeudi aux Assises de Paris, pour avoir commandité pendant 10 ans des centaines de viols et tortures d’enfants philippins qu’il regardait en direct sur Internet.

Crédit : llustration Envato - DR

L’affaire qui fait froid dans le dos.


Un homme de 59 ans, né dans les Deux-Sèvres à Melle, ancien graphiste au sein d'importants studios d'animation internationaux et réputé à Angoulême, est jugé à partir de ce mardi devant les assises de Paris pour avoir commandité et visionné en direct sur internet les viols et agressions sexuelles d'enfants aux Philippines.


Bolhem B., qui a notamment travaillé pour les studios Pixar ou encore Disney, sera jugé par la cour d'assises pour des faits de complicité de viols et d'agressions sexuelles en récidive sur mineurs.


Il est aussi poursuivi pour complicité de traite d'êtres humains aggravée sur mineur en récidive, détention d'images pédopornographiques en récidive et consultation habituelle de contenu pédopornographique en ligne.


Il est notamment reproché à l'accusé d'avoir, entre 2012 et 2021, payé des femmes philippines pour qu'elles violent et agressent sexuellement des petites filles, âgées de 5 à 10 ans, devant une webcam, lui permettant d'assister à la scène. De l'autre côté de l'écran, l'accusé donnait les ordres.


En 2019, un signalement à son encontre était effectué par Europol, qui alertait sur des mouvements suspects de fonds vers les Philippines.


Ce signalement s'inscrivait dans la lutte contre le phénomène dit de "live streaming", une pratique qui consiste en l'exploitation sexuelle d'un enfant, lequel subit des abus sexuels commandés à distance par des ressortissants occidentaux.


Bolhem B. a notamment participé à la réalisation de nombreux dessins animés pour enfants devenus célèbres, parmi lesquels les Indestructibles (2004) et Ratatouille (2007).


 


Des centaines d’abus


Le 4 octobre 2021, l'homme qui résidait aux États-Unis était interpellé à l'aéroport de San Francisco, alors qu'il se rendait en France, puis placé en garde à vue.


En audition, ce dernier reconnaissait spontanément être consommateur de shows sexuels via webcam mettant en scène des femmes philippines, ainsi que de sites pédopornographiques.


Au total, l'enquête permettait d'établir que Bolhem B. avait déboursé plus de 50.248 euros en presque dix ans. Les abus se compteraient par centaines.


L'accusé était déjà inscrit au Fijais, le fichier des délinquants sexuels, après une condamnation pour des faits reconnus d'agression sexuelle sur sa belle-fille, en 2009.


L'homme aujourd'hui âgé de 59 ans reconnaissait aussi consulter régulièrement des images à caractère pédopornographique depuis son téléphone, niant toutefois les télécharger.


Les premières expertises menées au cours de l'enquête concluaient à l'absence d'affection mentale chez l'accusé, mais mettaient en évidence "un aménagement paraphilique de personnalité, à connotation pédophile et sadique" mais aussi "pervers".


Le procès est prévu sur trois jours, jusqu'au 31 octobre.