Samuel Le Bihan dans la peau d'Yves Parlier : "Je suis ressorti du tournage épuisé"
4 novembre 2024 à 14h17 par Denis Le Bars
Samuel Le Bihan incarne le skipper Yves Parlier lors du Vendée Globe 2000.
Samuel Le Bihan dans le rôle d'Yves Parlier pour le téléfilm "Seul".
Crédit : Capture d'écran | Instagram | Samuel Le Bihan
France 2 diffuse ce lundi 4 novembre, à 21h10, le téléfilm "Seul", qui raconte l'aventure du skipper Yves Parlier lors du Vendée Globe 2000.
Le navigateur avait marqué de son emprunte la quatrième édition de ce tour du monde à la voile, en solitaire, sans assistance et sans escale. Alors qu'il menait la course, Yves Parlier avait démâté à la sortie de l’Océan indien. Refusant d’abandonner, il avait alors jeté l’ancre dans une crique au sud de la Nouvelle-Zélande pour réparer son mât en solitaire. Des réparations, effectuées dans des conditions difficiles.
Dans ce téléfilm inédit, l'acteur Samuel Le Bihan s'est transformé physiquement et psychologiquement pour incarner le skipper à la folle aventure. Au micro d'Alouette, il nous en dit plus.
Connaissiez-vous le Vendée Globe avant d’être contacté pour le tournage du téléfilm "Seul"?
Je ne sais pas si on appelle ça connaître bien, je n’en sais rien. Mais oui, c’est une course passionnante de toute façon. Donc, évidemment, on ne peut pas y échapper. Je me tiens au courant, je regarde, j’ai toujours été un peu fasciné par cette course.
Cette histoire d’Yves Parlier date de 2000. Vous connaissiez cette histoire? Vous vous en souveniez?
Oui, je connais cette histoire. J’avais lu le livre d’Yves Parlier, Robinson des mers. Et il se trouvait que le réalisateur Pierre Isoard l’avait lu aussi. On en parlait à la cantine comme une vieille histoire incroyable qui ferait un film formidable. On se disait qu’il faudrait mettre des moyens pas possibles et que ce serait très compliqué. Et puis, un jour, Pierre m’appelle en me disant : "Je crois que j’ai une solution, je crois que j’ai trouvé comment on pourrait le faire et le produire à un coût possible".
Tourner sur la mer, ce n’est jamais simple?
C’est très compliqué. Il faut des bateaux d’assistance, ça coûte très cher. Il faut beaucoup d’effets spéciaux, il faut des bateaux d’accompagnement. Il y a tout un tas de structures que, nous, on ne pouvait pas avoir. Donc le seul moyen, c’était de partir et de filmer avec une petite équipe. Parce qu’on pouvait être très peu sur le bateau. Pas de maquillage, pas de coiffure… On dégraisse toute l’équipe pour filmer en conditions réelles, en fait.
C’était très "brut" comme tournage?
C’était extrêmement brut, extrêmement difficile. C’étaient des conditions exceptionnelles. En niveau de difficulté, en implication, en engagement physique, émotionnel, psychologique… c’était extrêmement dur. C’est se faire secouer dans tous les sens.
On était une dizaine sur le bateau puisque c’était le minimum pour réussir à faire un film. Et une dizaine, c’est beaucoup sur un bateau comme ça. Il fallait, donc, réussir à s’entendre parfaitement, qu’il y ait une vraie cohésion. À tout moment on pouvait changer de scène en fonction de la météo. On allait chercher le gros temps, on allait chercher les calmes plats pour raconter ce tour du monde, en fait. Ça demandait d’être très disponible en permanence.
En plus, Yves Parlier avait perdu 10 kilos pendant son périple. Il a, donc, fallu que je perde 10 kilos en trois semaines. Ça a été un challenge aussi à ce niveau-là. Mais c’était complètement passionnant parce qu’on savait qu’on faisait un film qui était vrai. Et ça, pour un acteur, c’est un cadeau, d’aller chercher une vérité. Vous savez que c’est pour un temps donné mais que cet engagement il est filmé, il existe, on en fait une histoire qu’on livre au public.
Pendant un mois et demi, j’étais dans une espèce de bulle où je devenais Yves Parlier. Et l’équipe l’a complètement ressenti. C’est-à-dire que je ne parlais à personne, j’étais complètement dans mon univers, j’étais affaibli. Parce que le fait de perdre du poids, ça vous fatigue énormément. En plus des conditions de tournage qui étaient difficiles où j’ai fait toutes les scènes. Il m’a fallu trois semaines pour m’en remettre, d’ailleurs.
Les scènes de bricolages ont-elles été difficiles à tourner? Parce que ça a été un moment difficile pour Yves Parlier.
Pour lui, c’était extrêmement dur. Nous, on ne faisait qu’interpréter, rendre compte de ce qu’il a vécu. Ce qui, évidemment, n’était pas aussi dur. Mais pour un acteur, dans le cadre d’un tournage, c’était extrêmement difficile. Je passais mes journées dans une combinaison de survie et on me disait : "Va sous l’eau", "Remonte", "Rame", etc. J’étais épuisé, en fait. Je suis ressorti de là épuisé, psychologiquement et physiquement. Parce que j’ai tout donné, j’y suis allé à fond.
Il y a eu des tournages plus faciles?
Oui. Mais il y avait un rendez-vous, on n’a pas envie de le louper. Ce n’est pas tous les jours qu’on a un rôle comme ça. Donc on a envie de se donner à fond.
Avez-vous rencontré Yves Parlier depuis le tournage?
Je l’ai rencontré après le tournage, on ne s’est pas rencontré avant. On lui a montré le film pour savoir s’il le validait et il a beaucoup aimé. Il a vraiment trouvé que mon travail était très juste. Il a même été très ému par le film. Je pense qu’il a mesuré ce qu’il avait fait. Avec le film, il a mesuré un peu ce moment complètement fou où il refuse d’abandonner et de baisser les bras. C’est ça qui est magnifique.
Vous serez présent au départ du Vendée Globe ?
Oui. Avec une émotion particulière, parce qu’avant je regardais ça en spectateur. En acteur, j’ai essayé de chercher ce qu’ils vivaient, essayé de comprendre au plus profond de moi ce qu’ils traversaient. Je sais ce qu’ils vont affronter, en fait, profondément. Je trouve que c’est extrêmement généreux ce qu’ils font. C’est émouvant et ça permet de réaliser que l’être humain est capable de faire ça. Aujourd’hui, ils ont des bateaux qui vont plus vite que le vent, c’est quand même dingue. Techniquement, ils ont permis de faire évoluer les choses, ça c’est super. Et physiquement, ils nous disent qu’ils sont capables de faire ça aussi. Donc il y a beaucoup de courage et beaucoup de générosité.
Propos retranscrits par Mikaël Le Gac