Tour de France Femmes : qui est Marion Hérault-Garnier ?
24 juillet 2022 à 8h00 par Maëva Bossard
Marion Hérault-Garnier, speaker originaire des Herbiers en Vendée, sera la consultante moto de France Télévision pour le Tour de France Femmes 2022. Passionnée de vélo depuis son enfance, cette opportunité se présente comme une étape de plus dans sa carrière.
Crédit : Alouette
Au micro de Nicolas Mézil, La jeune femme a raconté son histoire et son ressenti sur son rôle dans la course dont le départ sera donné le dimanche 24 juillet, à Paris, sur les Champs-Élysées. Passionnée de vélo depuis son enfance, cette opportunité se présente comme une étape de plus dans sa carrière.
Comment êtes-vous devenue consultante moto pour le Tour de France féminin ?
Ça s’est fait par un coup de fil de Fabrice Colin de France Télévisions en début d’année. Il avait entendu parler de moi, m’avait aussi entendu parce que je faisais déjà des commentaires moto, notamment sur les championnats de France, mais en liaison directe avec le podium, avec Daniel Mangeas et Damien Martin. Il m’a passé un coup de fil pour me demander si ça me dirait d’être consultante moto pour le Tour de France femmes pour eux. Il y a eu un peu de réflexions et de discussions et c’est comme ça que je serai au départ du tour sur la moto France Télé.
Pouvez-vous nous rappeler votre parcours ?
C’est assez drôle de me retrouver ici dans un studio d'Alouette parce que finalement c’est en radio que ça a commencé. C’était à l’époque où mon père avait créé une radio éphémère pour le Chrono des Nations des Herbiers : Radio Nations. J’avais 17 ans et je prenais assez naturellement le micro pour faire des animations vélo tout au long de la semaine du Chrono. Il y a un speaker d’athlétisme qui l’avait sonorisé et qui disait qu’il cherchait une voix féminine depuis des années. Il a demandé à mon père si ça pourrait m’intéresser et il a répondu que c’était à moi de décider.
C’était un rêve de petite fille de travailler dans le vélo car c’est une passion pour moi. Mais les portes ne s’ouvraient pas, il n’y avait pas encore de femme dans ce milieu-là. Alors, j’ai découvert l’athlétisme, le running. Le speaker qui m’a formé, Jean-Claude Guillon, faisait aussi du triathlon donc j’ai découvert ce sport. Je me suis formée comme ça jusqu’à avoir une opportunité de commenter aux Herbiers au Chrono des Nations pour remplacer un speaker qui n’était pas là. L’histoire continue depuis.
Au final, devenir consultante moto pour France Télé sur le Tour de France Femmes n’est-ce pas presque l’aboutissement naturel de tout cela ?
Je ne suis pas persuadée que ce soit un aboutissement, je pense que c’est un point de passage. En tout cas ce n’est pas quelque chose que j’avais ambitionné de base. La télé n’est pas forcément quelque chose qui m’a attirée. Autant speaker a toujours été un rêve pour moi, ça c’est sûr, que la télé, pas plus que ça.
C’est vrai que j’ai cette chance énorme que cette opportunité se présente à moi, aussi parce que je suis une femme et qu’il y en a peu dans ce milieu-là, en tout cas en tant que speaker aujourd’hui je suis la première et je suis toujours la seule donc c’est aussi ça qui a joué. Pour le Tour de France Femmes, France Télé n’envisageait pas de ne pas avoir de femme dans son dispositif. Ils ont en effet une excellente consultante qui est Marion Rousse mais comme elle est directrice du Tour de France Femmes, elle ne peut pas être consultante sur l’épreuve pour France Télévisions, c’est pour ça qu’ils sont venus vers moi.
Comment ce rôle de consultante moto va-t-il se passer pour vous ?
On va avoir 2h30 de retransmission sur chaque étape. Moi, je serai sur la moto avec Joël Chary qui sera mon pilote tout au long des huit jours. Mon rôle sera d’être en liaison avec Nicolas Geay et Laurent Jalabert - les commentateurs en cabine - pour pouvoir donner des indications qu’on ne voit pas forcément à l’écran. Ça peut être sur des écarts parce qu’il n’y a pas de moto sur certains groupes ou sur l’état du revêtement. Il y aussi un peu de ressenti sur comment on sent telle ou telle coureuse, si elles tendent bien les jambes, si les relais passent bien, etc. Ça apporte une certaine analyse et expertise finale de ce qui est en train de se dérouler devant mes yeux.
Comment préparez-vous ce rôle ?
J’ai une préparation assez scolaire mais c’est déjà une préparation que j’adopte dans mon métier de speaker : je fais des fiches. Ça s’apparente un peu aux fiches du BAC, sur les Bristol mais c’est aussi un travail sur le long terme, c’est-à-dire que tout au long de l’année je suis les résultats des coureuses. Il y a aussi beaucoup de discussions, j’ai la chance de connaître personnellement certaines filles donc on échange quelques messages, quelques coups de fil. C’est pareil avec les équipes, les directeurs sportifs ou les managers des équipes. Ça permet d’avoir quelques informations qui peuvent être utiles dans ce rôle-là.
Arrivez-vous à tout savoir sur toutes les coureuses, bien que ne nous ne connaissions pas encore toutes les inscrites ?
C’est vrai que pour le moment on n’a pas la liste définitive des coureuses qui seront au départ en fin de semaine. Mais je ne me formalise pas à la différence de mon métier de speaker où on a une présentation de l’ensemble des concurrentes le matin de chaque étape. Là, ce ne sera pas le cas donc si je n’ai pas de fiche sur l’une ou l’autre, un petit coup de téléphone ou une petite recherche peut toujours permettre d’avoir quelques infos au dernier moment.
Je ne vais pas me mettre la pression par rapport à ces fiches comme je peux le faire dans mon rôle de speaker mais on ne peut pas tout connaitre. Finalement, c’est comme dans la vie, on ne peut pas tout savoir sur tout et justement ce qui est intéressant c’est de pouvoir apprendre plein de choses, en particulier sur les coureuses.
Je vais aussi faire des interviews le matin qui seront retransmises pendant le direct. Ce sera l’occasion d’apprendre à découvrir certaines coureuses que je ne connais pas forcément parce que le cyclisme féminin aujourd’hui est moins médiatisé que chez les hommes.
Reconnaissez-vous les étapes à l’avance ?
J’aurais bien aimé, mais c’est vrai que ça ne passe pas du tout dans le coin et je n’ai pas forcément eu l’opportunité ni le temps de les reconnaitre. Mais le fait d’être sur la moto, ça va me permettre de le voir en direct. On a quand même un Road Book (un livre de route) dans lequel il y a le profil des étapes, les kilométrages, les horaires, les pourcentages sur les difficultés répertoriées, parfois avec un plan de coupe démonté. On sait déjà à quoi s’attendre par rapport à ça.
Il ne faut pas oublier que même si c’est le premier tour femmes organisé sous cette forme-là par A.S.O (NDLR : Amaury Sport Organisation), il y a quand même des montées qu’on connait déjà. Par exemple, il y a la montée dans le final de l’étape qui arrive à Epernay. On sait très bien que c’est là que Julian Alaphilippe avait été chercher le maillot jaune.
La diffusion de ce Tour va-t-elle permettre de mettre en lumière le cyclisme féminin ?
Complètement ! Aujourd’hui, le cyclisme féminin souffre du manque de médiatisation alors c’est une vraie belle opportunité qu’A.S.O offre au cyclisme féminin. On l’a vu, le succès a été retentissant et ça se mesure finalement par les audiences : sur Paris-Roubaix, à l’automne dernier et pareil à ce printemps pour la deuxième édition, il y a eu des records d’audience. Le cyclisme féminin plaît aux téléspectateurs et elles ont besoin de médiatisation.
Ce sera un cercle vertueux : plus on en parlera, plus les sponsors trouveront un intérêt à sponsoriser ces équipes-là ou ces épreuves-là parce que ça fonctionne à la fois pour les équipes et pour les organisations. Elles auront donc un statut professionnel, de vrais salaires, une vraie reconnaissance, elles pourront en vivre aussi parce que ce n’est pas le cas de toutes les femmes qui vont prendre le départ dans quelques jours. Seul A.S.O avait la force de frappe nécessaire pour organiser un évènement d’envergure qui puisse aider à cette reconnaissance du cyclisme féminin.
(Entretien retranscrit par Maëva Bossard)