Procès des familles d’accueil à Châteauroux : les premiers prévenus traitent les enfants de "menteurs"

15 octobre 2024 à 10h15 par Marion Galard avec AFP

Ils ont nié les accusations de violences ce lundi 14 octobre au tribunal de Châteauroux.

Crédit : B.Bougeard | Alouette

Deux prévenus étaient interrogés pendant le premier jour du procès des familles d’accueil, à Châteauroux. Ils ont nié quasiment tous les faits reprochés, sauf la fraude fiscale.


"Beaucoup d'enfants sont des menteurs" : les premiers prévenus ont nié lundi 14 octobre à Châteauroux toutes les accusations de violences, lors du procès de familles jugées pour avoir accueilli sans agrément des mineurs, dont certains auraient subi des violences physiques, psychologiques, des humiliations et du travail forcé.


Dix-huit personnes doivent comparaitre au tribunal de Châteauroux jusqu’au 18 octobre, entre autres pour violences, travail dissimulé en bande organisée, accueil de mineurs sans déclaration préalable, administration de substance nuisible, etc. Ils risquent jusqu'à dix ans de réclusion en fonction des chefs d'accusation.


"Je n'ai jamais vu de violences à la maison, ni de mon mari, ni de mon fils", martèle la mère d'un des principaux prévenus, Colette M., à la barre. "Je suis écoeurée des enfants, beaucoup sont des menteurs." Plusieurs jeunes ont pourtant accusé son fils Julien M., mais aussi son mari Antoine M., de violences, notamment de "gifles" et de "clés de bras".


 


Son mari condamné pour agression sexuelle sur mineure en 2007


Elle admet tout juste des "tapes sur la tête", façon de "remonter les bretelles" de jeunes "difficiles", "déstructurés", qui "pétaient souvent les plombs". "Il faut faire des efforts" quand on est adopté, dit-elle encore, dans un mélange de froides déclarations.


Cette retraitée de 72 ans exerçait avec agrément jusqu'à la condamnation de son mari pour agression sexuelle sur mineure en 2007, pour laquelle il a été relaxé depuis. Colette M. va toutefois continuer d'accueillir des jeunes grâce à un agrément "jeunesse et sport", qui n'autorise en théorie que l'accueil de courte durée.


En réalité, elle conservera la garde des enfants souvent plus longtemps, parfois plusieurs mois, prétextant que l'Aide sociale à l'enfance (ASE) "lui demandait de les garder".


 


Le fils entendu ce mardi 15 octobre


"Ces enfants n'ont jamais manqué d'amour", affirme-t-elle à la barre, emmitouflée dans son pull gris, sans exprimer la moindre compassion pour les victimes présentes. Elle reconnait seulement les faits de fraude fiscale, presque une décennie sans payer d'impôts. "Je suis un peu je-m'en-foutiste", justifie Colette M.


Son mari Antoine a également nié en bloc toutes les accusations de violences, tout comme les insultes à caractère raciste. "Je n'ai aucun souvenir de faits de violences, j'ai peut-être contenu quelqu'un d'agité, mais je suis quelqu'un de normal", assure-t-il. Sur l'accueil de mineurs sans agrément, il s'est aussi longtemps montré hésitant. Avant de lâcher, "quelque part, oui, on est coupables".


Le fils des époux, qui doit être entendu ce mardi par le tribunal, reprendra leur suite, à travers la structure "Enfance et Bien-Être", dont il est l'un des cofondateurs avec Bruno C., un des principaux prévenus. Des dizaines d'enfants ont alors été confiés à l'association contre des sommes qui s'élèveraient à au moins 630 000 euros sur sept ans, accueillis par des familles de l'Indre, de la Creuse et de la Haute-Vienne.