Il y a 120 ans, la CGT naissait à Limoges

21 septembre 2015 à 7h16 par Rédaction Alouette

<p>Voici 120 ans, le 23 septembre 1895, s'ouvrait à Limoges le congrès fondateur de la Confédération générale du Travail, la CGT, une date symbolique pour la première confédération syndicale française et l'histoire de la France sociale, mais aussi pour la ville qui l'a vue naître.</p>

Voici 120 ans, le 23 septembre 1895, s'ouvrait � Limoges le congr�s fondateur de la Conf�d�ration g�n�rale du Travail, la CGT, une date symbolique pour la premi�re conf�d�ration syndicale fran�aise et l'histoire de la France sociale, mais aussi pour la ville qui l'a vue na�tre.



"C'est parce qu'elle jouissait d�j� d'une solide r�putation de ville r�volutionnaire et parce qu'ici r�gnait une certaine entente entre les deux principales branches du syndicalisme que Limoges a �t� choisie pour accueillir le congr�s fondateur", explique � l'AFP Mich�le Baracat, pr�sidente de l'Institut r�gional d'Histoire sociale de la CGT � Limoges.



"C'est ici que s'est r�alis�e l'union entre la F�d�ration des syndicats et la F�d�ration des bourses du travail, symbolis�e par le logo de la conf�d�ration: deux mains qui s'unissent, ouvrant l'�re du syndicalisme moderne et de ses grandes conqu�tes", souligne l'enseignante retrait�e.



Une union entre les diff�rents courants de l'�poque du mouvement ouvrier: les sociaux-d�mocrates et socialistes marxistes et les anarcho-syndicalistes.



La capitale limousine, o� cet h�ritage syndical est encore bien pr�sent, c�l�brera cet anniversaire du 12 au 15 octobre avec des expositions, conf�rences, d�bats, repr�sentations thÈtrales ainsi que la venue de d�l�gations syndicales, dont le secr�taire national de la CGT, Philippe Martinez, attendu le 13 au soir.



"L'objectif sera autant de faire m�moire des �pisodes marquants de notre histoire que de remettre la question syndicale dans la perspective du nouveau si�cle", pr�cise Mich�le Baracat. "Que reste-t-il des grandes luttes sociales qui ont imprim� leur marque dans l'histoire nationale? Et quel sera l'avenir de l'union des salari�s dans un monde o� le travail est morcel�, �clat�, rare, et o� l'industrie qui faisait hier la force des mouvements syndicaux se d�lite"?



 



-- S'agenouiller pour la pri�re --



 



Les �v�nements marquants de l'histoire de la CGT seront notamment retrac�s dans deux expositions propos�es jusqu'au 30 octobre � la Maison du Peuple, superbe b�timent caract�ristique des ann�es 1930, inscrit � l'inventaire suppl�mentaire des monuments historiques et dont le mobilier avait �t� fabriqu� sp�cialement par une soci�t� industrielle coop�rative baptis�e "La Fraternelle".



Une Maison du Peuple voulue par le maire SFIO de Limoges � l'�poque, L�on Betoulle, qui la financera et l'inaugurera en 1936, le jour m�me de la signature des Accords de Matignon entre le patronat et la CGT, � l'issue des grandes gr�ves du Front populaire.



Le 120e anniversaire du congr�s de Limoges sera marquant � double titre pour Mich�le Baracat, qui milite pour les droits des femmes depuis 40 ans. "En juin 1895, moins de trois mois avant le congr�s, s'�tait d�clench�e la toute premi�re gr�ve f�minine � Limoges et aussi l'une des premi�res en France: tout un symbole! La ville �tait d�j� pr�coce", sourit-t-elle.



44 ouvri�res corseti�res sur les 105 employ�es par la Maison Cl�ment, qui travaillaient alors dix heures par jour en �tant soumises � une discipline de fer, s'�taient alors rebell�es. Oblig�es par leur patronne � une pratique religieuse rigide, elles refuseront de s'agenouiller pour la pri�re journali�re et organiseront une gr�ve qui durera 108 jours. "En soutien � leur mouvement, sous la pression des travailleurs limousins, le congr�s fondateur de la CGT, essentiellement masculin, accueillera une d�l�gation de corseti�res. Trois d'entres elles seront appel�es � la pr�sidence du congr�s", raconte l'historienne.



Pour elle, 120 ans plus tard, "il est essentiel de rappeler aux jeunes g�n�rations que leur confort social n'est pas acquis, qu'il a �t� arrach� au prix de dures luttes et seulement dans l'union des faibles contre les puissants".



Une "union" ensuite mise � mal par les scissions: en 1921, avec la cr�ation de la CGTU dans l'ombre du tout jeune Parti communiste ayant rompu en 1920 avec la SFIO au congr�s de Tours, puis, apr�s la r�unification dans l'euphorie du Front populaire, la fondation par les militants syndicaux anti-communistes de la CGT-FO en 1947, cons�quence de la Guerre froide et de l'expulsion des ministres communistes du gouvernement issu de la R�sistance.



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(AFP)