Emmanuel Macron : vers un "léger" assouplissement ?

24 novembre 2020 à 8h15 par Arnaud Laurenti

Emmanuel Macron s'adresse de nouveau aux Français à 20h00 ce mardi, alors que le pays espère une bouffée d'air à l'approche des fêtes de Noël.

Crédit : Archives

Le scénario est désormais bien huilé : le chef de l'Etat réunit un conseil de défense le matin pour faire un dernier point de l'épidémie avant de trancher les décisions qu'il annoncera le soir à la télévision.


Nul doute que les Français, affectés par le confinement, seront de nouveau au rendez-vous, après les sommets atteints par ses allocutions qui ont, pour les plus importantes, réuni plus de 30 millions de téléspectateurs.


Trois phases d'allègements


Cette fois-ci, l'incertitude est moins grande car le cadre général des annonces est déjà connu : l'allègement des contraintes se fera en trois phases. Autour du 1er décembre, puis avant les congés de Noël et enfin début 2021.


Le chef de l'Etat a promis qu'il allait donner "de la cohérence, de la clarté, un cap" pour "savoir ensemble où nous allons et comment y aller".


Mais le Premier ministre Jean Castex, qui devrait prendre la parole jeudi après-midi, a prévenu lundi soir que ces annonces ne permettraient qu'un "léger assouplissement au confinement".


Prudence


Ce message prudent fait écho à celui de la plupart des dirigeants des grands pays européens, comme le Britannique Boris Johnson, qui a averti lundi que les restrictions allaient devoir rester en place pendant plusieurs mois.


Comme leurs voisins, les Français aimeraient en particulier être fixés sur les vacances : pourront-ils se déplacer et se réunir en famille ? Probablement, mais avec des limites, un possible couvre-feu et un appel à la responsabilisation. Les réveillons "sont des usines à Covid", a mis en garde Jean Castex.


En attendant la fin décembre, Emmanuel Macron va lever les contraintes aux achats de Noël en rouvrant les commerces dits "non essentiels" comme les librairies ou les boutiques de vêtements. Cette réouverture pourrait intervenir dès ce week-end mais avec un protocole renforcé. Les stations de ski seront elles fixées "dans les dix prochains jours", a promis Matignon.


Stratégie de vaccination


Comme l'a demandé le Conseil d'Etat, les lieux de culte devraient également rouvrir, avec le respect d'une jauge. L'incertitude demeure pour les cinémas, théâtres et musées, qui espèrent aussi pouvoir accueillir du public au plus vite.


Jean Castex a en revanche douché les espoirs des cafés et restaurants de rouvrir autour du 1er décembre. "On ne peut pas", a-t-il regretté samedi, en disant espérer "leur donner de la visibilité et les accompagner".


Exprimant un ras-le-bol grandissant, plusieurs milliers de commerçants et d'indépendants se sont rassemblés lundi dans plusieurs grandes villes. "Restaurateurs, hôteliers, cafetiers, discothécaires, traiteurs et saisonniers, nous sommes effacés du paysage économique", a dénoncé lundi Danièle Chavant, la présidente de l'UMIH de l'Isère.


Limitation kilomètrique maintenue ?


Si l'attestation de déplacement devrait être conservée, l'incertitude demeure sur le maintien de la limite d'un périmètre d'un kilomètre pour se déplacer. "On n'est pas tous égaux face au rayon d'un kilomètre. Par exemple, il y a un enjeu : permettre à ceux qui ne vivent pas près d'un parc d'aller y respirer", a expliqué le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.


Au-delà des mesures liées au confinement, Emmanuel Macron est très attendu sur la stratégie de vaccination de la population française, après l'annonce lundi d'un 3e vaccin.


Après les ratés sur les masques et les tests, l'exécutif sait qu'il ne peut échouer sur le sujet, d'autant que les sondages montrent une population sceptique sur l'intérêt de se faire vacciner.


Le couvre-feu puis les quatre semaines de confinement ont permis de ralentir la circulation du virus cet automne et de franchir le pic épidémique de la 2e vague.


Objectifs tenus


Avec 4 452 nouveaux cas détectés en 24 heures lundi, c'est la première fois que ce chiffre repasse sous la barre des 5 000 cas quotidiens depuis le 28 septembre. Cet objectif "de 3 000 à 5 000" contaminations quotidiennes avait été fixé comme horizon à atteindre par le chef de l'Etat à la mi-octobre.


Mais les autorités s'inquiètent de l'impact grandissant des conséquences psychologiques de la triple crise sanitaire, économique et sociale, Emmanuel Macron évoquant la nécessité de combattre le sentiment d'"une morosité sans fin". Le directeur général de la Santé Jérôme Salomon s'est alarmé la semaine dernière d'"une augmentation importante des états dépressifs".



(avec AFP)