Jusqu'à six ans de prison ferme pour les incendiaires de la porte de l’Hôtel de Ville de Bordeaux

Publié : 12 mars 2024 à 7h37 par Nicolas Mézil avec AFP

Le tribunal correctionnel de Bordeaux a prononcé ce lundi 11 mars des peines allant jusqu'à six ans de prison ferme à l'encontre de cinq hommes condamnés pour l'incendie de l'imposante porte en bois de l'hôtel de ville il y a un an.

La porte de l'Hôtel de Ville de Bordeaux calcinée après l'incendie

Crédit : Capture d'écran YouTube | AFP

La porte du porche de la mairie girondine, classée aux monuments historiques, avait été incendiée le soir du 23 mars 2023, après une journée de mobilisation contre la réforme des retraites, émaillée de débordements.


Quelques heures après la fin de la manifestation officielle, un groupe d'individus, partis depuis une faculté voisine occupée, avait entassé poubelles et palettes devant l'entrée de l'hôtel de ville, avant d'y mettre le feu.


Dans ses réquisitions, le procureur Benoît Bernard avait déploré un "acte injustifiable", réalisé "sans plan de bataille mais avec une coordination entre les uns et les autres". Pour lui, dégrader par un incendie relève d'une "volonté de détruire de manière irrémédiable. C'est effacer l'Histoire", avait-t-il souligné.


 


L’un des prévenus fera appel


Un premier prévenu, se revendiquant "antifa" et déjà condamné pour violences et dégradations durant le mouvement des "gilets jaunes", a été jugé coupable pour "participation" et "destruction". Il a été condamné à six ans de prison ferme avec maintien en détention, compte tenu de ses antécédents et de la "gravité des faits", a tranché le tribunal.


Me Jessica Lacombe, l'avocate de cet homme de 41 ans, a annoncé qu'elle fera appel, après avoir demandé la relaxe. "On tente de faire croire que cette unique bande de marginaux est responsable. Il n'en est rien", a-t-elle plaidé, pointant un dossier sans "éléments concrets" sur "les préparatifs" ou "les instructions d'aller brûler la mairie".


Le tribunal a condamné les quatre autres prévenus à des peines allant d'un an avec sursis probatoire à deux ans ferme.


À la barre, les prévenus, tous sans emploi, se présentant comme gros consommateurs d'alcool et de drogues, déjà condamnés pour violences, vols, ou outrages ont tour à tour qualifié l'incendie de "geste idiot", "dangereux" et qui "n'a aucun sens".


 


"En plein délire"


Identifiés par des images de témoins et de surveillance diffusés à l'audience, tous ont admis leur participation à la manifestation sauvage qui a abouti à l'incendie. Ils ont expliqué leur joie et excitation captées par les caméras par "l'effet de groupe" et l'alcool, deux d'entre eux niant avoir attisé le brasier.


"J'étais en plein délire, comme un triomphe devant un château assiégé dans un film", a expliqué un prévenu de 38 ans, en situation d'errance depuis l'adolescence.


L'homme, condamné 24 fois dans d'autres affaires, a reconnu avoir alimenté le feu en y jetant une trottinette dotée d'une batterie en lithium et a présenté ses excuses.


Un sixième suspect, âgé de 17 ans au moment des faits, sera également renvoyé au printemps devant le tribunal pour enfants pour "dégradation".