Disparition de Lina : un an d'enquête

23 septembre 2024 à 11h04 par Joséphine Point avec AFP

L'adolescente de 15 ans a disparu le samedi 23 septembre 2023 à Plaine, dans le Bas-Rhin.

Lina a disparu depuis le samedi 23 septembre.

Crédit : Info trafic Bas-Rhin

C'était il y a un an jour pour jour. La jeune Lina, adolescente sans histoire scolarisée en CAP "aide à la personne", disparaissait mystérieusement et n'a plus jamais donné signe de vie.


Depuis le 23 septembre 2023, l'enquête a connu de nombreux rebondissements, notamment le suicide du principal suspect, Samuel Gonin.


De récents éléments mettent en lumière les conditions de la disparition de l'adolescente de 15 ans, sans pour autant permettre de la retrouver.


Retour sur les moments-clés d'un an d'enquête.


 


23 septembre 2023


Lina quitte son domicile de Plaine (Bas-Rhin) pour se rendre à la gare de Saint-Blaise-la-Roche, à environ 3 kilomètres de là. Un trajet qu'elle a l'habitude d'effectuer pour prendre un TGV en direction de Strasbourg, où l'attend son petit-ami. Son téléphone cesse de borner à 11h22 et depuis, la jeune fille n'a plus donné signe de vie.


Dans le même temps, une Ford Puma volée quelques jours auparavant en Allemagne est localisée entre 11h20 et 11h26 sur la route entre Plaine et Saint-Blaise-la-Roche, à proximité immédiate du lieu de la disparition de Lina. La voiture avait été filmée deux heures plus tôt dans une station-service en Allemagne, où le conducteur Samuel Gonin y a volé du carburant.


À 12h23 la voiture s'arrête à Anould, dans les Vosges, à une quarantaine de kilomètres de Plaine. Elle fera ensuite deux autres arrêts, à Saulx (Haute-Saône), et dans le Morvan.


 


1er octobre 2023


L'enquête prend une dimension criminelle avec l'ouverture d'une information judiciaire des chefs d'enlèvement et de séquestration criminelle. D'intenses fouilles et investigations sont déployées : battues citoyennes, plans d'eau sondés, auditions ou vérifications de véhicules, sans pour autant conduire à la moindre piste solide.


 


Janvier 2024


Samuel Gonin est arrêté près de Narbonne pour un refus d'obtempérer au cours du week-end des 6 et 7 janvier. La Ford Puma est placée à la fourrière. Condamné le 22 janvier pour ce délit routier, il est laissé libre sous contrôle judiciaire.


 


26 juin 2024


La Ford Puma est transférée de la fourrière à l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) pour y être analysée.


 


10 juillet 2024


Samuel Gonin se suicide à Besançon. Il laisse des écrits mais sans référence explicite à Lina : "J'ai perdu mon honneur, ma dignité, mon humanité, je dois partir, a-t-il écrit. Je ne sais pas me contrôler, ça va trop vite".


 


24 juillet 2024


Les premiers éléments d'exploitation du système multimédia du véhicule montrent qu'il se trouvait précisément sur le lieu de la disparition de Lina, dans la période de temps où elle a disparu.


 


26 juillet 2024


Le parquet de Strasbourg annonce que le profil génétique de Lina a été retrouvé dans la Ford Puma.


 


30 juillet 2024


Des recherches se déroulent durant plusieurs jours à Anould, là où la voiture s'était arrêtée une heure après la disparition de Lina. Sans résultat. D'autres recherches se dérouleront début août à Saulx, puis dans le Morvan, où la voiture s'était également arrêtée le 23 septembre 2023. Là encore sans succès.


 


19 septembre 2024


Le procureur de la République par intérim de Strasbourg, Alexandre Chevrier, annonce que l'ADN de Lina et celui de Samuel Gonin ont été retrouvés sur des cordes dans le coffre de la voiture, "ce qui tend à démontrer qu'à un moment ou à un autre, Lina a été ligotée". Le sac à main de Lina a également été retrouvé dans la boîte à gants.


Selon le parquet de Strasbourg, le quadragénaire était père de deux enfants et avait exercé plusieurs métiers, dont enseignant en menuiserie en lycée. Mais quelques mois avant les faits, il avait quitté son emploi et s'était éloigné de sa famille. Il "vivait probablement dans cette voiture, vu le désordre qui a été constaté à l'intérieur", a indiqué le procureur. Il "se déplaçait beaucoup et parfois avec une certaine incohérence au moins apparente", selon Alexandre Chevrier. En outre, il "a tout fait pour se rendre indétectable", a noté le procureur : il n'utilisait pas de téléphone portable et avait pris soin de désactiver le GPS du véhicule.


Le patron d'un restaurant a affirmé à L'Est Républicain qu'il avait "harcelé des femmes" dans son établissement. Des habitants du quartier des Prés de Vaux à Besançon, où vivait Samuel Gonin, ont évoqué dans ce journal "une personne tourmentée", un père de famille "très gentil", mais souffrant de problèmes "liés à sa consommation de stupéfiants".


Selon un expert psychiatre qui l'avait entendu le 25 juin, Samuel Gonin présentait un trouble de personnalité de type "borderline", avec des symptômes dépressifs importants. Il consommait beaucoup de produits toxiques : alcool, cannabis et cocaïne et avait été hospitalisé au moins trois fois en psychiatrie.