Crise agricole : le siège de Lactalis envahi par des manifestants

21 février 2024 à 15h48 par Fabienne Lacroix avec AFP

200 agriculteurs se sont invités mercredi midi en Mayenne, au siège du groupe Lactalis, pour dénoncer les pratiques du géant de l’industrie laitière et pour réclamer une meilleure rémunération.

Le siège de Lactalis, à Laval.

Crédit : Capture écran | Google maps

Quelques heures après la conférence de presse de Gabriel Attal, des agriculteurs en colère ont répondu à l’appel de la Confédération paysanne. Ils se sont rendus près de Laval, au siège de Lactalis


Aidés de deux tracteurs, les manifestants sont parvenus à forcer l'entrée du site et ont investi le hall d'accueil du siège, recouvrant les locaux d'autocollants proclamant "Notre métier a un prix. Lactalis, rends l'argent caché dans les paradis fiscaux".


"Lactalis, prédateur de la valeur" et "Lactalis tue", disaient des pancartes.


"Lactalis, c'est le numéro un mondial du lait qui n'est pas capable de payer correctement ses producteurs", a déclaré aux journalistes Laurence Marandola, porte-parole nationale de la Confédération paysanne, depuis l'accueil du groupe agro-industriel.


"Lactalis, c'est l'emblème mondial et national d'entreprises prédatrices de notre travail, du prix de nos produits et du travail des paysans", a-t-elle ajouté.


"Il y a tellement de profits qui ne ruissellent pas vers les producteurs et les éleveurs, c'est un scandale absolu", a dit la responsable du syndicat agricole, accusant Lactalis de "pratiques asservissantes" et d'infliger des "représailles" à tous les éleveurs qui protestent publiquement contre ses méthodes en refusant de collecter leur lait.


Interrogée sur les annonces faites dans la matinée par le Premier ministre Gabriel Attal, Mme Marandola a jugé que la nouvelle version de la loi Egalim, censée garantir aux agriculteurs un revenu tenant compte de leurs coûts de production, ne pouvait pas attendre cet été.


"La priorité des priorités ne peut pas attendre l'été. Si en deux semaines on peut défaire des questions sur les produits phytosanitaires, pourquoi on ne pourrait pas en quelques semaines se doter d'une loi qui protège les revenus des paysans", a-t-elle lancé.


Et Gabriel Attal "n'a pas garanti un prix minimum qui permette de couvrir notre rémunération et nos coûts de production", a-t-elle critiqué.


Avec plus de 28 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2022, Lactalis a détrôné un autre mastodonte, Danone, comme leader français de l'agroalimentaire et intégré le top 10 mondial du secteur.