56 personnalités signent une tribune pour défendre Gérard Depardieu
Publié : 26 décembre 2023 à 8h33 par Joséphine Point
Ces acteurs, actrices, réalisateurs et autres personnalités du monde de la culture dénoncent "un lynchage" et "un non-respect de la présomption d'innocence".
Une soixantaine de personnalités du monde de la culture dénoncent un "lynchage" de Gérard Depardieu, mis en examen pour viols depuis 2020 et au coeur d'un scandale devenu politico-médiatique à la suite d'un documentaire diffusé sur France 2. La tribune titrée "N’effacez pas Gérard Depardieu" a été publiée ce lundi 25 décembre sur le site du Figaro.
Parmi les 56 signataires figurent le réalisateur Bertrand Blier, les actrices Nathalie Baye, Carole Bouquet et Charlotte Rampling, les acteurs Jacques Weber, Pierre Richard, Benoît Poelvoorde et Gérard Darmon, mais aussi les chanteurs Roberto Alagna, Carla Bruni, Arielle Dombasle et Jacques Dutronc.
"Gérard Depardieu est probablement le plus grand des acteurs. Le dernier monstre sacré du cinéma. Nous ne pouvons plus rester muets face au lynchage qui s'abat sur lui, face au torrent de haine qui se déverse sur sa personne, sans nuance, dans l'amalgame le plus complet et au mépris d'une présomption d'innocence dont il aurait bénéficié, comme tout un chacun, s'il n'était pas le géant du cinéma qu'il est, écrivent-ils dans ce texte. Lorsqu'on s'en prend ainsi à Gérard Depardieu, c'est l'art que l'on attaque. Par son génie d'acteur, Gérard Depardieu participe au rayonnement artistique de notre pays. (...) Quoi qu'il arrive, personne ne pourra jamais effacer la trace indélébile de son oeuvre dont notre époque est à tout jamais marquée. Le reste, tout le reste, concerne la justice; que la justice. Exclusivement", ajoutent-ils.
Le président de la République, Emmanuel Macron, et des membres de la famille de l'acteur, dont sa fille Julie, avaient déjà pris publiquement la parole pour défendre Gérard Depardieu, mis en examen à la suite d'une des deux plaintes dont il fait l'objet en France et qui réfute ces accusations.
Des images "authentifiées" par un huissier
La diffusion récente d'un reportage sur l'acteur, dans l'émission "Complément d'enquête" sur la chaîne France 2, a provoqué une onde de choc, avec des répercussions internationales.
Sur ces images, Gérard Depardieu, connu pour avoir interprété Cyrano de Bergerac, multiplie les propos misogynes et insultants en s'adressant à des femmes, n'épargnant pas une fillette avec des propos à caractère sexuel. Le groupe France Télévisions a assuré ce vendredi 22 décembre que ce dernier passage avait été "authentifié" par un huissier de justice. Cette réaction intervenait après des déclarations du chef de l'État sur France 5 laissant entendre que la séquence avait pu être modifiée au montage, comme l'avait auparavant affirmé la famille de l'acteur.
Depuis le scandale, Gérard Depardieu a été radié de l'Ordre national du Québec et de son titre de citoyen d'honneur de la commune d'Estaimpuis (Belgique), tandis que sa statue de cire a été retirée du parcours de visite du musée Grévin à Paris.
Une tribune dénoncée par des associations féministes
"C'est un crachat au visage des victimes de violences", a réagi le collectif "Nous Toutes" après la mise en ligne de la tribune de soutien à Gérard Depardieu. "On ne comprend pas que le monde de la culture se mobilise, il faudrait utiliser cette voix pour soutenir les victimes", selon Tatiana, militante du collectif.
"C'est une tribune très pédagogique. Ce que l'on voit, c'est comment un entourage va s'organiser et utiliser des arguments tels que 'c'est un monstre sacré, c'est un génie' pour protéger quelqu'un, a déclaré la présidente de la Fondation des femmes, Anne-Cécile Mailfert. Ça va être très difficile pour les victimes de parler et porter plainte (...). Mais personne n'est au-dessus des lois".
L'association les Papillons, qui recueille la parole d'enfants victimes de violences, a mis fin au rôle d'ambassadeur de Pierre Richard après qu'il a signé la tribune. "On a une ligne de conduite claire et nette, on se range toujours du côté des victimes présumées. (...) Cette tribune, sans un mot pour les victimes présumées, est de trop", a indiqué son président Laurent Boyet.
(avec AFP)